Importée des États-Unis, la demande en mariage en public séduit de plus en plus de Français qui n’hésitent pas à poser un genou à terre.
Inspirée des comédies romantiques, cette pratique n’est plus réservée au cinéma.
Souvent jugées attendrissantes ou mignonnes, les vidéos de ces demandes surprises soulèvent des questions, notamment en termes de consentement.

En 2023 comme en 2022, 240 000 mariages ont été célébrés, rapporte l’Insee. Dans un contexte où le nombre d’unions repart à la hausse depuis la crise sanitaire, presque toutes les occasions semblent bonnes pour offrir une bague de fiançailles à sa promise. Que ce soit au cours du défilé du 14 juillet, lors du passage de la flamme olympique, pendant une participation à un jeu télévisé, à l’occasion du concert d’un artiste ou d’une fête entre amis, les demandes devant témoins se veulent de plus en plus spectaculaires pour créer le buzz. Largement relayées sur les réseaux sociaux, ces demandes en mariage d’anonymes sont pourtant loin d’être anodines. 

Pourquoi les demandes en mariage en public posent problème ?

Dire « non » est délicat dans certaines situations, comme l’explique Florence Caillochon, directrice de recherche au CNRS spécialisée dans l’étude des relations interpersonnelles et auteur de l’ouvrage La passion du mariage.

Devant une foule ou des proches qui attendent une réponse, bien souvent munis de smartphones pour immortaliser la scène, il est difficile de refuser une demande en mariage. La peur d’humilier publiquement son partenaire, qui a soigneusement scénarisé la surprise, incite à répondre par l’affirmative. Il faut du courage pour dire « non » et décevoir les personnes présentes. La personne demandée en mariage est intimidée et mise sous pression, car le conjoint et le public attendent une réponse dans l’urgence. Il s’agit d’un contresens dans la mesure où ce choix engage toute une vie. 

Les demandes en public ne se soldent pas toujours par un happy end. Après un refus, faire perdurer le couple se révèle compliqué et la rupture est généralement amorcée. On assiste alors à des séparations alors que la relation aurait pu se poursuivre sans la demande surprise. 

Les hommes font traditionnellement la demande

Les demandes surprises posent la question d’un retour de la domination patriarcale. Dans la majorité des cas, ce sont les hommes qui demandent leur conjointe en mariage dans les couples hétérosexuels. 

Pour Florence Caillochon, la demande en mariage montre que les rôles sont profondément genrés. L’organisation de la demande revient aux hommes qui doivent surprendre leur future épouse. Dominique Picard, psycho-sociologue et auteure du livre Politesse, savoir-vivre et relations sociales, enfonce le clou. Elle relève que ce sont les hommes qui font traditionnellement la demande et les femmes donnent la réponse. Ces dernières occupent une place flatteuse et valorisante. Pour cette raison, elles ne veulent pas la lâcher. 

Un sondage réalisé par IFOP en 2019 sur 1000 personnes de 18 à 65 ans confirme ce propos en montrant l’attachement des Français aux traditions. Pour 57 % des sondés, le choix de se marier doit provenir d’une décision commune, 40 % estiment que c’est à l’homme de prendre les devants et seulement 3 % que le pouvoir revient aux femmes. 


Emilie CARTIER pour TF1 INFO

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