L’agence de notation américaine Fitch a dégradé, le 12 septembre, la note de la dette souveraine française de AA à A+. Le grave n’est pas tant cette note de A+, qui maintient la France dans un groupe de pays jugés solides au plan financier, comme la Chine, Israël ou l’Arabie saoudite, et devant des pays honorables sur ce plan, tels que l’Islande, l’Espagne ou l’Italie. Le grave apparaît quand on analyse cette notation en dynamique.
D’une part, notre note ne cesse de dégringoler depuis 2012, marquant là une incapacité française à stopper un endettement croissant et les déficits publics qu’il sert à combler. D’autre part, notre dette, qui pèse aujourd’hui plus de 3 300 milliards d’euros, soit 114 % du produit intérieur brut (PIB) annuel, est levée quasiment en totalité sur les marchés financiers, auprès d’acteurs institutionnels comme des banques centrales, des fonds souverains et d’investissement, ou bien des sociétés de banque-assurance.
Facteur aggravant, l’emploi de cette dette ne sert plus, ou presque, à des investissements publics pour préparer l’avenir du pays, par exemple en sécurité et défense, en nouvelles technologies, en recherche ou en transition écologique. Son emploi sert essentiellement à éponger les déficits publics, ceux de l’Etat et de la Sécurité sociale, c’est-à-dire à financer les fins de mois des fonctionnaires et des retraités, ainsi que les prises en charge de soins médicaux et les indemnités chômage des Français.
Singulier paradoxe
Pour finir, chaque citoyen se retrouve actionnaire involontaire d’une dette colossale – près de 50 000 euros par habitant –, financée intégralement sur les marchés financiers, dont il dépend silencieusement pour garantir l’accès aux services publics et à la protection sociale. Dans un pays souvent férocement anticapitaliste, on admirera là ce singulier paradoxe.
Alors, quelle stratégie budgétaire ? L’équation française revient à chercher à réduire les déficits publics pour réduire la part de dette qui sert à les combler (la mauvaise dette), retrouver des marges de manœuvre pour investir dans l’avenir des Français (la bonne dette) et regagner en indépendance vis-à-vis des marchés financiers. Les leviers pour réduire les déficits publics sont connus en sciences économiques et de gestion, mais ils font l’objet de débats, aujourd’hui, souvent peu rigoureux.
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