Le jour de son arrivée à Matignon, vendredi 13 décembre, François Bayrou a fixé lui-même l’altitude de ses ambitions. « Je n’ignore rien de l’Himalaya qui se dresse devant nous », a-t-il assuré. Et comme s’il fallait ajouter encore un peu de hauteur à cet obstacle titanesque, l’agence de notation Moody’s a annoncé, quelques heures plus tard, qu’elle dégradait la note de la France, assurant que « la probabilité que le prochain gouvernement réduise durablement l’ampleur des déficits budgétaires au-delà de l’année prochaine est désormais très faible ».

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Car l’Everest du président du MoDem, comme celui de son prédécesseur, Michel Barnier, c’est de s’attaquer au redressement des comptes publics, débordés par une dette qui devrait atteindre 120 % du produit intérieur brut (PIB) en 2027. Compte tenu des taux d’intérêt qui pourraient se tendre encore à le suite de la décision de Moody’s, le remboursement annuel de cette dette pourrait bien devenir, dès 2025, le premier poste de dépense du budget de l’Etat, devant l’éducation.

Le Béarnais Bayrou, habitué des chemins escarpés, sait que la pente sera rude. D’autant plus que le redressement des comptes publics a été l’un de ses sujets de prédilection lors de toutes ses campagnes présidentielles. « On disait, il est fou », se souvient-il. Ce ne sera plus le cas aujourd’hui.

La dramatisation du sujet, exacerbée par son prédécesseur, a désormais fait son chemin dans l’opinion. C’est le principal enseignement du sondage réalisé par Ipsos pour l’association Lire la société, à l’occasion de la 26e édition de la Journée du livre d’économie, qui se déroule mercredi 18 décembre à Bercy. Quand on demande aux Français quels sont les sujets qui les préoccupent le plus, ils étaient 17 % à citer la dette en 2023. Ils sont désormais 32 %. C’est le troisième sujet derrière le système de santé et les questions de pouvoir d’achat et d’inflation. Loin devant l’avenir des retraites, les salaires, le logement ou le chômage. Il est même le premier sujet pour les sympathisants Les Républicains, dont c’est depuis longtemps le cheval de bataille. Autre indicateur flagrant de ce nouveau sujet d’anxiété, l’idée qui s’insinue progressivement que la France peut faire faillite : 57 % des personnes interrogées pensent que cela pourrait arriver dans les années à venir.

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