L’oubli et le déni de l’histoire sont des périls immenses pour la République. C’est avec cette conviction que nous, jeunes Roms et Voyageurs, nous nous adressons aujourd’hui à la représentation nationale.

Il y a quatre-vingt-un ans, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, 4 300 Roms, Sinti, Gitans, Manouches, Yéniches et Voyageurs, internés dans le Zigeunerlager [« Le camp des Tziganes »] d’Auschwitz-Birkenau, furent exterminés. Ce massacre fut le point d’orgue du génocide européen des Roms et des Voyageurs durant la seconde guerre mondiale.

Plus de 500 000 femmes, hommes et enfants furent méthodiquement assassinés, si bien qu’aucune de nos familles n’a été épargnée. Comme pour les personnes juives, handicapées ou homosexuelles, ce processus industriel d’extermination fut commandité par le régime nazi, mais impliqua la collaboration zélée des autres puissances européennes. Certaines d’entre elles n’ont d’ailleurs pas attendu les injonctions du IIIReich pour le mettre en œuvre. En France, entre 1939 et 1946, trois régimes successifs, dont la République, mirent en place une politique d’assignation à résidence et d’internement des dits « nomades ». Avant la Libération, le régime de Vichy accéléra le processus génocidaire en regroupant nos ancêtres dans de grandes structures concentrationnaires dans la perspective de déportations vers les centres de mise à mort nazis.

Des fleurs déposées sur le site d’un mémorial dédié au génocide des Roms et Sinti dans le camp de concentration de Buchenwald lors de la cérémonie marquant le 78e anniversaire de la libération du camp, près de Weimar (Allemagne), le 16 avril 2023.

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