L’entrée de la Gaîté-Lyrique, à Paris, le 30 juillet 2025.

Grâce à Elon Musk, la Gaîté-Lyrique de Paris (3arrondissement) a traversé gratuitement l’Atlantique. Le 28 février, sur son réseau social X, le tempétueux milliardaire américain s’empare de l’occupation médiatisée du centre culturel par 250 jeunes migrants, le 10 décembre 2024, pour l’ériger en incarnation d’une « empathie suicidaire » qui mènerait la civilisation au « game over » (« fin de partie »). En d’autres termes, pour sauver le monde, on ne peut pas sauver tout le monde. Spot de pub mondial pour un établissement culturel qui n’a rien demandé. Car elle estime que c’est un devoir humanitaire – la Gaîté-Lyrique accueillera jusqu’à 450 réfugiés rassemblés par le Collectif des jeunes du parc de Belleville –, mais n’a d’autre choix que de fermer boutique. L’évacuation par la Préfecture de police, le 18 mars, ne change rien, le lieu est trop usé, le trou dans sa trésorerie trop béant pour autoriser une réouverture au public.

Désormais, des cadenas sordides entravent les portes de la Gaîté-Lyrique, toujours mise hors d’état d’agir. A l’intérieur, un grand vide et une directrice générale, Juliette Donadieu, encore groggy, qui se bat pour la survie d’un lieu dévolu aux arts numériques et à la création contemporaine. Trois mois d’occupation, sept mois de fermeture, 3 millions d’euros de pertes d’exploitation, mais une reprise d’activité (très) progressive depuis le 4 juin – deux concerts organisés et une programmation événementielle hors les murs – qui permet d’éviter la cale sèche.

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