Les Français sont de plus en plus généreux dans leur dernier souffle. Les sommes laissées à des causes à leur mort, par legs (testament) ou par assurance-vie, ont crû de près de 50 % entre 2013 et 2022, selon les chiffres du syndicat France générosités, se fondant sur 66 de ses associations et fondations membres. Ces « libéralités » pèseraient désormais environ 1,3 milliard d’euros, un quart de la générosité des particuliers.

La dynamique tombe à pic alors que l’inflation alourdit les dépenses des associations, que nombre d’entre elles peinent à recruter des donateurs et que certaines voient les dons faiblir – la succession des situations d’urgence a eu tendance à détourner des causes peu médiatisées la générosité du public, et la hausse des prix a crispé les petits donateurs.

« Contrairement aux dons, les libéralités ne sont pas affectées par la conjoncture économique », souligne Nadège Rodrigues, directrice des études de France générosités. « La hausse des libéralités compense chez nous l’érosion des dons », note Sylvain Coudon, directeur des ressources d’APF France handicap. Les ressources des legs et assurances-vie de WWF ont été multipliées par cinq en dix ans. Elles ont quadruplé en cinq ans chez Greenpeace. Pour des structures comme les Petits Frères des pauvres ou Apprentis d’Auteuil, elles rapportent deux fois plus que les dons.

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« Cette ressource est cruciale, surtout dans un contexte de raréfaction de l’argent public. Elle nous donne de l’autonomie. Grâce à elle notamment, nous pouvons agir là où personne ne va », réagit Marie-Anne Renaudot, responsable libéralités de Médecins du monde. « Même dans le cas d’une petite succession, on est vite sur l’équivalent d’un très gros don. Nos legs vont de quelques centaines d’euros à plusieurs millions, avec une moyenne à 150 000 euros », indique Benoît Duchier, directeur de la générosité publique de WWF.

La communication menée auprès du public et des notaires par certaines structures, parfois de longue date, porte ses fruits. « Nous avons instauré une campagne sur les legs en 2016 et en menons aujourd’hui deux par an », explique Alexandre Cathelin. Il dirige la Fédération française des associations de chiens guides d’aveugles, où les libéralités représentent environ 60 % des ressources. La démographie joue aussi, avec « l’arrivée en fin de vie des boomeurs, qui sont nombreux à posséder leur logement et ont un patrimoine moyen important », analyse M. Duchier. « Et l’allongement de la vie fait qu’on se sent plus libre de donner une part de son patrimoine, nos enfants héritant alors qu’ils sont déjà bien installés. »

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