La guerre d’Israël contre l’Iran est globale et totale. Son ambition est clairement la recomposition globale du Moyen-Orient, en imposant sa domination grâce à la suprématie incontestée de ses forces armées. Au-delà de la « menace nucléaire » et d’un changement de régime politique, l’objectif d’Israël, avec le soutien des Etats-Unis qui ont bombardé trois sites nucléaires iraniens dans la nuit de samedi 21 au dimanche 22 juin, est d’affaiblir durablement l’Etat iranien pour qu’il ne devienne pas une puissance régionale stable.

Ce projet est peut-être illusoire, car la guerre pourrait au contraire provoquer le réveil du nationalisme et du patriotisme des Iraniens, apporter un sursis à la République islamique et provoquer en Iran et dans la région des changements politiques, qui ne seraient pas favorables à Israël. Il est plus facile de détruire Gaza que de trouver une solution politique à la question palestinienne, et plus facile de bombarder l’Iran que de contrôler un Etat de 92 millions d’habitants dont on connaît le passé national, idéologique et militaire.

La destruction, dans la nuit du 21 au 22 juin, des principales usines d’enrichissement d’uranium (mais pas des stocks) par les Etats-Unis met un terme technique à toute négociation sur le sujet. Cela peut-il pour autant inciter Israël à cesser les bombardements, et l’Iran à accepter la situation imposée en négociant avec les Américains ? Cette défaite sur le nucléaire est moins militaire que « philosophique » car elle touche à la fierté nationale iranienne. La question du nucléaire fait en effet consensus en Iran et même (surtout ?) dans la diaspora.

Pas de programme de production d’une arme nucléaire

Le programme iranien, civil avec possibilité d’extension militaire, avait en effet été défini par le chah dans les années 1970 et poursuivi par la République islamique. Peu d’Iraniens ont pleuré la mort des généraux des gardiens de la révolution tués le 13 juin, mais tous ont été touchés l’assassinat de neuf savants et ingénieurs du nucléaire.

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