• Un fugitif néerlandais, « l’un des acteurs majeurs du trafic international de cocaïne », doit verser 96 millions d’euros aux Pays-Bas, a annoncé le tribunal de Rotterdam.
  • Il s’agit d’avoirs illégaux amassés par le trafiquant : le parquet avait initialement requis une saisie record de 221 millions d’euros d’actifs.
  • Très recherché, il se cache probablement en Sierra Leone, selon les autorités néerlandaises.

Les autorités n’ont pas encore mis la main sur l’homme, qu’une lourde sanction l’attend déjà, s’il foule à nouveau le sol des Pays-Bas. Un baron de la drogue néerlandais, soupçonné de se cacher en Sierra Leone et qui figure sur la liste des personnes les plus recherchées en Europe, doit verser à son pays 96 millions d’euros au titre de biens mal acquis, a décidé un tribunal néerlandais lundi 14 juillet.

Il s’agit d’avoirs illégaux amassés par Jos Leijdekkers (nouvelle fenêtre), alias « Bolle Jos » (« Jos joufflu », en français), provenant du trafic de cocaïne et d’achats d’or. « Avec la décision d’aujourd’hui, le tribunal a déterminé le montant des revenus de L. (Leijdekkers) grâce à des activités criminelles », a déclaré un tribunal de Rotterdam dans son jugement. « Le total s’élève à près de 127 millions d’euros, dont il doit verser plus de 96 millions d’euros à l’État », est-il écrit. Le parquet avait initialement requis une saisie record de 221 millions d’euros d’actifs.

Près d’une tonne d’or, appartements à Dubaï, voitures Bentley…

Los Leijdekkers, aussi appelé Omar Sheriff, aurait encaissé 114 millions d’euros en liaison avec quatorze transports de cocaïne en moins d’un an. Selon des communications interceptées par la police, cet homme de 33 ans a également acheté 975 kg d’or en moins de six mois, pour un montant de 47 millions d’euros. Le trafiquant de drogue (nouvelle fenêtre) aurait par ailleurs acquis des biens immobiliers, dont un hôtel en Turquie et des appartements à Dubaï, selon le parquet. Des biens de luxe, tels que deux voitures Bentley, des sacs de créateurs de luxe, des bijoux et des montres, ont également été ajoutés au total des avoirs illicites. 

En juin dernier, un tribunal de Rotterdam a condamné Los Leijdekkers par contumace à 24 ans de prison pour avoir commandité un meurtre et organisé des transports de cocaïne. Le trentenaire a de plus été condamné par un tribunal belge à 10 ans de prison pour trafic de drogue et agression. Il figure sur la liste des personnes les plus recherchées par Europol, l’agence de police européenne, qui le décrit comme « l’un des acteurs majeurs du trafic international de cocaïne (nouvelle fenêtre)« . Elle offre une récompense de 200.000 euros pour toute information conduisant à son arrestation.

Des images aux côtés de responsables sierra-léonais

En janvier, les autorités néerlandaises ont déclaré être « absolument certaines » qu’il se cachait en Sierra Leone. Des images montrant Los Leijdekkers en compagnie de hauts responsables de ce pays d’Afrique de l’Ouest, dont le président Julius Maada Bio, ont suscité des conjectures selon lesquelles le trafiquant de cocaïne se serait rapproché de la classe politique sierra-léonaise, dont la fille du chef de l’État.

C’est une vidéo et des photos publiées sur la page Facebook de la Première dame de Sierra Leone le 1er janvier dernier qui ont fait naître des soupçons pour la première fois concernant la présence du fugitif : on y voit un homme ressemblant à Los Leijdekkers assistant à un service religieux en présence du président du pays. 

Un opposant sierra-léonais en exil, Mohamed Mansaray, qui a publié des vidéos montrant l’homme en Sierra Leone, accuse le président de lui « offrir refuge ». Il affirme aussi que le Néerlandais serait en couple avec la fille du président, Agnès Bio, avec qui il apparaît dans des vidéos. L’affaire a pris une telle ampleur que début mars, le chef de l’immigration de Sierra Leone, Alusine Kanneh, a été renvoyé par le président quelques heures après la diffusion d’une vidéo le montrant en train de recevoir un cadeau des mains du trafiquant. Début février, la police du pays a annoncé lancer une « chasse à l’homme » pour le retrouver. 

M.L. avec AFP

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