Le 11 novembre, le gouvernement néerlandais a annoncé une nouvelle prolongation de six mois des contrôles aux frontières intérieures dans l’espace Schengen, alors même que les chiffres officiels démontrent l’inefficacité de cette mesure. Au cours des neuf derniers mois, plus de 123 000 contrôles ont été effectués aux Pays-Bas, pour seulement 470 refus d’entrée, soit un taux d’efficacité de 0,38 %. Autrement dit, 99,6 % des personnes contrôlées n’avaient rien à se reprocher. Ce qui devait rester exceptionnel tend ainsi à devenir une nouvelle normalité.
Le 20 juin, la Belgique a également annoncé la mise en place de « contrôles d’entrée » pendant l’été, sur des points jugés stratégiques : parkings d’autoroute, bus et trains internationaux. Officiellement, il ne s’agit pas de contrôles aux frontières, mais la différence est ténue. Que signifie cette mesure pour celles et ceux qui prennent le « train des trois pays » qui relie les gares d’Aix-la-Chapelle (Allemagne), de Maastricht (Pays-Bas) et de Liège (Belgique), une ligne qui traverse deux frontières intérieures sur un même trajet ? Sur la ligne qui passe par Bruxelles, Cologne et Francfort, les contrôles de la police fédérale allemande provoquent souvent de nouveaux retards – combien de fois encore sur une liaison déjà saturée ? Et que signifie cela pour une ville avec deux frontières, comme Sittard-Geleen (Pays-Bas), où vivre, travailler et étudier au-delà des frontières est une évidence quotidienne ?
Ce qui fut autrefois une exception temporaire devient peu à peu un changement structurel. La libre circulation des personnes – l’un des acquis les plus concrets de l’Union européenne (UE) – est de plus en plus restreinte, souvent au nom de la sécurité, parfois pour des raisons électorales, mais rarement avec des résultats probants. En 1985, nous avons levé la barrière, au sens propre comme au sens figuré. Cinq pays ont signé à Schengen (Luxembourg) l’accord fondateur d’une Europe libre et sans frontières. Depuis, des millions d’Européens circulent sans contrôle. Pour des régions comme le Limbourg, ce n’est pas un idéal abstrait : c’est la vie quotidienne – un espace de travail, d’études, de soins, de commerce et de culture sans frontières.
Il vous reste 65.01% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

