Le scandale de l’école Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques) a choqué tout le pays par son ampleur, le nombre de victimes et le nombre d’années au cours desquelles d’innombrables enfants ont été victimes de sévices physiques et psychologiques et de violences sexuelles. Les témoignages, glaçants, continuent d’affluer. Et pour autant de victimes qui ont parlé, combien ne l’ont pas fait, n’ont pas pu le faire, ne le feront peut-être jamais ?

Il est temps pour la société française tout entière de sortir du déni. Les chiffres sur les violences sexuelles faites aux enfants en France sont effarants, alors qu’ils sont sous-estimés. On sait aujourd’hui que plus d’un dixième de la population française, soit trois enfants par classe, a été victime de violences sexuelles dans l’enfance. On sait les conséquences psychologiques et sociales, les suicides, les vies brisées.

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Et à chaque fois, les mêmes mécanismes sont à l’œuvre. Des enfants mis à mal, ou détruits psychiquement. Des adultes qui ciblent et calculent pour pouvoir poursuivre leurs agissements et conserver leur pouvoir. Et c’est bien ce que ce scandale révèle de manière particulièrement terrifiante : des adultes qui savent et ne font rien. Des figures d’autorité, familiales, institutionnelles, politiques, qui pourraient agir pour protéger les victimes, actuelles et futures, et qui ne le font pas.

Tout le monde savait

A Notre-Dame de Bétharram, tout le monde savait. Des enfants avaient parlé, des plaintes avaient été déposées, des enquêtes avaient été lancées, des signalements ont eu lieu et personne, personne n’a mis un terme au cycle de violences physiques et pédocriminelles qui ravageait l’établissement. Personne n’a respecté l’article 40 du code pénal qui dispose que les agents de l’Etat ont l’obligation de dénoncer et d’engager des procédures lorsqu’ils et elles ont connaissance d’un crime ou d’un délit. Personne n’a protégé les enfants.

La violence sexuelle est un système qui repose sur le silence, la négation de la parole des victimes, l’inaction – ou la complicité – des instances de pouvoir. Ce sont ces mécanismes qui la rendent possible.

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