Livre. Le Rassemblement national (RN) a fabriqué de fausses preuves pour éviter à Jordan Bardella d’être poursuivi dans l’affaire des assistants parlementires du Front national, assure Tristan Berteloot, journaliste à Libération, dans un livre très documenté, La Machine à gagner. Révélations sur le RN en marche vers l’Elysée (Seuil, 240 pages, 19,50 euros). Cela n’a finalement pas été nécessaire, le jeune assistant – prometteur, mais encore étudiant – de l’ancien eurodéputé RN Jean-François Jalkh n’ayant été convoqué ni par la police ni par les juges. Probablement parce qu’il n’était, à l’époque, qu’un mince personnage et que son contrat à mi-temps n’a duré, en 2015, que quatre mois et demi – à 1 200 euros net par mois, ce qui est assurément confortable pour un mi-temps.

Si le dossier Bardella n’occupe qu’un chapitre du livre de Berteloot, qui vise à minutieusement détailler la lourde marche du RN vers le pouvoir, il est d’une importance majeure. Le journaliste explique que l’un des avocats de Marine Le Pen, Ghislain Dubois, a été chargé de centraliser les documents censés prouver le travail des assistants, soupçonnés d’emplois fictifs – le procès de 27 parlementaires et assistants du RN doit s’ouvrir à Paris le 30 septembre. Jordan Bardella, en 2015, a 20 ans et est à la fois « chargé de mission » à Paris du numéro deux du parti, Florian Philippot, et assistant parlementaire du député européen RN Jean-François Jalkh.

Dates effacées

Me Dubois charge un jeune stagiaire, Paul D., du « montage du dossier de Jordan Bardella » dans un e-mail du 20 décembre 2017. Le stagiaire se rend sur le site Global Factiva, à la disposition des europarlementaires, qui propose des revues de presse en ligne. Il se charge de collecter des articles publiés deux ans plus tôt, en effaçant sous chaque document la date de la recherche et son copyright. Au dossier s’ajoute un agenda calendaire 2015, avec des photos d’avions de chasse, sur lequel Jordan Bardella est censé avoir griffonné quelques événements de l’année liés au mandat de son député.

Jordan Bardella a répliqué à Libération, après une première publication de ces révélations dans le quotidien début septembre, qu’il s’agissait d’« une grossière tentative de déstabilisation », puis le journal a publié un fac-similé du fameux calendrier et surtout sa facture d’achat, envoyée au siège du RN le 16 mai 2018, alors que le jeune assistant était censé l’avoir rempli trois ans plus tôt… Me Alexandre Varaut, porte-parole du parti dans l’affaire des assistants, admet aujourd’hui, et à l’évidence, que l’agenda est un faux, mais il assure que Jordan Bardella n’y est pour rien et n’a jamais rien écrit dessus : « Cela ressemble à son écriture, mais ce n’est pas la sienne, assure l’avocat. Ces documents n’ont d’ailleurs jamais été produits à quiconque. »

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