Moins de 2 kilomètres et la Tamise séparent le siège historique de BP sur Saint-James Square du quartier général de Shell. L’ex « Royal Dutch », qui a quitté La Haye pour Londres en 2021, n’a jamais été aussi proche de ce qui pourrait bientôt être sa cible, le joyau terni du Royaume-Uni. Depuis la publication d’une dépêche Bloomberg, samedi 3 mai, le monde du pétrole bruisse de rumeurs non démenties : Shell évalue « une éventuelle acquisition » de BP, mais attend que le cours de la société et le prix du pétrole baissent encore pour se décider. Ainsi la saison des mariages entre compagnies pétrolières reprendrait-elle un quart de siècle après le vaste mouvement de consolidation aux Etats-Unis et en Europe − déjà sur fond de baisse des cours de l’or noir.

Des cinq supermajors (ExxonMobil, Chevron, Shell, BP et TotalEnergies), BP est la seule menacée d’une opération de rachat. Une situation qui rappelle aux anciens de la maison l’« horrible » année 2010, quand l’explosion de la plateforme Deep Water Horizon (11 morts) et la marée noire dans le golfe du Mexique avaient fait plonger le titre de 55 %.

Même si le parcours boursier de ses concurrentes n’est pas brillant, sa capitalisation a fondu de 30 % en un an. Elle s’approche de la zone où Shell, trois fois mieux valorisé (174 milliards d’euros), peut lancer une offre publique d’achat. Dans l’escarcelle, la firme à la coquille trouverait de gros actifs aux Etats-Unis et l’activité de trading de l’énergie, vache à lait du groupe.

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A la fin de la décennie 1990, marquée par un baril bon marché depuis le contre-choc pétrolier de 1986, les fusions s’enchaînent à un rythme soutenu. Alors au zénith, BP rachète l’américain Amoco et Exxon son concurrent Mobil ; en 1999, Total s’empare d’Elf après avoir repris le belge Petrofina ; deux ans plus tard, Chevron absorbe Texaco, puis Conoco se rapproche de Phillips. Ces fusions donneront naissance à des géants, mais pas à des oligopoles, la vraie puissance restant aux sociétés nationales des pays producteurs, comme l’Aramco saoudienne, qui détiennent 90 % des ressources pétrogazières.

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