- Trois ONG attaquent en justice Tefal et le groupe SEB pour une campagne publicitaire datant de 2024.
- Dans sa communication, la marque affirmait alors que ses poêles en Teflon étaient « sûres ».
- Face à cette plainte, le groupe se dit « serein » et « déterminé » à défendre ses produits.
Tefal a-t-il menti sur ses poêles ? C’est en tout cas ce qu’affirment trois ONG qui ont annoncé avoir déposé une plainte, jeudi 10 juillet, contre le groupe SEB et sa filiale. France Nature Environnement (FNE), Générations Futures et l’Association citoyenne et laïque des consommateurs (ACLC) accusent Tefal de « pratiques commerciales trompeuses » lors d’une campagne publicitaire menée en 2024 et sur une communication figurant sur le site Internet de la marque.
En cause : les « polluants éternels » (PFAS) (nouvelle fenêtre) et le PTFE, soit le polytétrafluoroéthylène, autre nom du Téflon. En « assurant que les revêtements antiadhésifs de ses poêles sont reconnus comme sûrs, car contenant du PTFE et non des PFOA »
, d’autres PFAS interdits, le groupe « omet de mentionner le risque de rejets dans l’environnement de substances en raison de l’utilisation de PTFE, tout au long du cycle de vie des produits ainsi que les risques sur la santé lors de l’utilisation des poêles de la marque »,
pointent les associations dans un communiqué (nouvelle fenêtre).
« Il est inadmissible de communiquer de cette manière alors que la santé des populations, particulièrement des travailleuses et travailleurs, et de l’environnement est en jeu. Tefal doit rendre compte et être sanctionné »,
dénonce dans le document Anne Roques, juriste de la FNE.
« Les polymères PFAS, incluant ceux présents dans les ustensiles de cuisine, sont des sources majeures d’émission de PFAS tout au long de leur cycle de vie, depuis la production jusqu’à la gestion des déchets. Toute publicité visant à
minimiser les impacts environnementaux et sanitaires des polymères PFAS
ou à éluder la présence de PFAS dans les produits de consommation doit être bannie »,
assure de son côté Kildine Le Proux de La Rivière, pharmacienne et ingénieure chimiste de Générations Futures.
Le groupe SEB se dit « serein »
Pour appuyer leur plainte, les ONG s’appuient notamment sur le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) (nouvelle fenêtre), qui conclut sur l’insuffisance de données pour classifier le PTFE en tant que cancérogène mais « ne se prononce pas sur l’absence de cancérogénicité ni sur le fait que le PFTE est ‘sûr' ».
Mais ces évaluations, non mises à jour, remontent à plusieurs années. Autre donnée mise en avant, une étude de novembre 2023 publiée en Corée du Sud qui « met en évidence que les microparticules de PFTE génèrent des effets nocifs sur la santé tels que des inflammations ».
Par ailleurs, les ONG pointent deux alertes émises par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en 2018 et 2020 sur le fait que « les revêtements en PTFE peuvent relarguer des traces de PFOA lors d’un usage industriel »
, cette dernière substance étant classée comme « cancérigène pour l’homme » depuis 2023. Et même si le PFOA a été retiré du processus de fabrication depuis 2012, il est « abusif d’affirmer que l’EFSA reconnaît le PFTE comme un matériau ne présentant pas de danger pour la santé humaine »
, pointent-elles.
De son côté, le groupe SEB indique à TF1info prendre « acte de cette nouvelle action, bien que n’ayant à date pas été notifié de cette plainte »
. Il rappelle que « les autorités sanitaires – ministère de la Santé (juin 2024), EFSA, FDA, ainsi que les agences de santé du Canada et de l’Australie – ont depuis des décennies confirmé la sécurité du PTFE, notamment en contact alimentaire »
et que « plus de 50 ans de littérature scientifique attestent de son innocuité constante »
. SEB se dit par ailleurs « serein »
et « déterminé »
. « Nous entendons défendre nos produits, notre expertise, nos emplois »
, assure encore le groupe auprès de TF1info.
Pour rappel, en avril 2024, les députés ont adopté une proposition de loi écologiste visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS, excluant toutefois les ustensiles de cuisine, après une forte mobilisation des fabricants. Le texte définitif, promulgué en février 2025, conserve cette exclusion.