Sandrine Pissarra, la mère de famille jugée devant les assises de l’Hérault pour avoir affamé à mort Amandine, sa fille de 13 ans, a été condamnée, vendredi 24 janvier, à la réclusion à perpétuité avec une période de sûreté de vingt ans.
Cette peine suit exactement les réquisitions du parquet. A l’encontre de l’accusée, 54 ans, poursuivie pour actes de torture et de barbarie, « instigatrice du “système Pissarra”, exécutante numéro un du “système Pissarra”, tyran domestique, dictateur des intérieurs, bourreau d’Amandine, il n’y a qu’une seule peine » possible, avait asséné en conclusion d’un réquisitoire de moins d’une heure l’avocat général, Jean-Marie Beney.
L’ex-compagnon de Mme Pissarra, Jean-Michel Cros, 49 ans, « lâche collaborateur du système » ayant « privé de soins Amandine jusqu’à sa mort », selon les mots du représentant du ministère public, a reçu, lui, une peine de vingt ans de réclusion criminelle pour avoir privé sa belle-fille de soins.
L’adolescente était morte, le 6 août 2020, au domicile familial de Montblanc, près de Béziers, dans l’Hérault. Enfermée depuis des semaines dans un débarras sans fenêtre et privée de nourriture, elle ne pesait plus que 28 kilos pour 1,55 mètre.
« Le système Pissarra »
Lors de son réquisitoire, le procureur général avait décrit le « “système Pissarra”, mis en place depuis plus de quinze années ». « Vous avez découvert que, depuis toute petite, Amandine est victime de coups, de coups de poing, de coups de pied, de coups de balai, d’arrachages de cheveux, de cris répétés, d’insultes, de bousculades », avait-il détaillé, s’adressant aux jurés.
Le système, « on aurait pu le fragiliser, le faire tomber, avant qu’il ne prenne le plein pouvoir », avait plaidé, vendredi matin, l’un des avocats de Sandrine Pissarra, Louis Dolez, en allusion aux adultes (ex-conjoints, amis, voisins, médecins, travailleurs sociaux, enseignants ou magistrats) qui ont croisé la route d’Amandine sans prendre la mesure de ses souffrances ni agir efficacement pour y mettre fin.
S’il y a une « responsabilité individuelle » incontestable, « il y a quand même aussi une responsabilité collective », avait également souligné Jean-Marc Darrigade, son autre avocat, demandant aux jurés de prononcer une « peine juste, raisonnable », qui lui permette de « revenir parmi les hommes » sans être « une vieille dame ».