Le neuroscientifique Yves Frégnac est mort, le 17 octobre, à l’âge de 73 ans. En 2015, il avait contribué à bâtir le projet scientifique de l’Institut des neurosciences Paris-Saclay, qui salue son « immense apport » au domaine, ainsi que sa « conviction visionnaire, dès les années 1990, de la nécessité d’une interdisciplinarité pour approcher la complexité du cerveau ».

Fervent défenseur d’une vision intégrative de notre « machine à penser », le chercheur, devenu directeur de recherche émérite au CNRS en 2017, aura misé sur la puissance et la synergie d’une combinaison d’approches, mêlant études expérimentales, modélisation informatique et neurosciences théoriques. Il sera l’un des premiers, en Europe, à engager les neurosciences dans cette voie. Cette vision « a fortement influencé et structuré les neurosciences en France », indique le CNRS dans un hommage au chercheur ; et facilité des « collaborations rapprochées et fructueuses à l’échelle européenne ».

Sitôt son diplôme de Supélec obtenu, en 1974, le jeune ingénieur bifurque vers la recherche. Il obtient un double doctorat, d’abord en biologie humaine, en 1978 ; puis en neurosciences, en 1982, au Collège de France, sous la direction de Michel Imbert, grand spécialiste du développement du système visuel. « Yves Frégnac s’est orienté vers les neurosciences après s’être intéressé, en ingénieur, au traitement de l’information », précise Gilles Laurent, directeur de l’Institut de recherche Max Planck sur le cerveau à Francfort (Allemagne).

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Le jeune doctorant rejoint le laboratoire Cognisciences du CNRS, à Gif-sur-Yvette (Essonne), où il explore la « dynamique naturelle du calcul biologique dans les réseaux neuronaux corticaux », explique le CNRS. En 1998, il démonte les fins rouages de la mécanique cellulaire des signaux nerveux qui inhibent les neurones, dans le cortex visuel des mammifères.

Son prochain champ de bataille, dans le cerveau, sera le « champ récepteur » de chaque neurone du cortex visuel (le champ récepteur est la région précise du champ visuel à laquelle est sensible chacun de ces neurones). « En 1999, Yves Frégnac a révélé la face cachée de ces champs récepteurs, explique Gilles Laurent. Montrant que chaque neurone possède un champ récepteur plus vaste qu’on ne le pensait, sous le seuil de détection habituel ; et que ce champ récepteur se développe au cours du temps. »

Projets de recherche supranationaux

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