Une boutique française Christian Dior, spécialisée dans les produits de luxe, les vêtements et les produits de beauté, à Hongkong, le 20 juillet 2024.

L’atelier de Roger Ding est situé aux abords de l’ancienne concession italienne de Tianjin, ville portuaire à 120 kilomètres de Pékin. Depuis 2022, le quadragénaire rachète de la maroquinerie de luxe d’occasion pour la revendre certifiée à des professionnels tenant boutique dans le quartier branché de Sanlitun Soho, à Pékin, ou à des particuliers sur Internet. « Les anciens propriétaires de ces sacs ont la trentaine, se lassent vite ou ont besoin d’argent. En général, ils les ont achetés neufs il y a un an maximum », explique-t-il. Son équipe en vérifie l’authenticité, le niveau d’usure puis propose un prix d’achat en s’appuyant sur une cote sans cesse mouvante. « Regardez ces montants… », dit-il en scrollant l’un de ses smartphones : « La spéculation sur le sac de luxe d’occasion rare est terminée. Leur valeur baisse car il y a moins de clients, tout simplement. Et puis l’offre s’essouffle. Comme les gens ont acheté beaucoup moins de sacs neufs en 2024, nous récupérons moins d’occasions cette année. »

Le marché chinois du luxe a chuté de 18 % à 20 % en 2024, selon le cabinet Bain & Company. Et quand, pour le premier semestre 2025, le groupe LVMH, leader mondial, qui inclut Louis Vuitton et Dior, voit son résultat net mondial fondre de 22 %, les regards inquiets se tournent vers la Chine, où vit un acheteur de luxe sur deux dans le monde. Au-delà du numéro un du secteur, c’est toute l’industrie des grandes griffes qui souffre de la faiblesse prolongée du marché chinois. Kering (marques Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, Bottega Veneta) a vu ses profits mondiaux au premier semestre se réduire de moitié, affecté par les résultats de Gucci, sa marque phare, dont les ventes ont diminué de 25 % sur la première partie de 2025. Ses enseignes, qui ciblent plutôt les consommateurs à la recherche de luxe accessible, c’est-à-dire la classe moyenne, ont été parmi les premières et les plus touchées par la « panne » chinoise.

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