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En 2023, Emmanuel Macron faisait part, à Marseille, de sa volonté de développer la scolarisation des enfants de moins de 3 ans dans tous les quartiers d’éducation prioritaire. Une annonce qui interroge, alors que les syndicats dénoncent une baisse, depuis 2017, des moyens alloués à ces dispositifs et une chute des effectifs des enfants de moins de 3 ans scolarisés. Alors qu’ils étaient près de 35 % à être scolarisés en 2000, ils étaient moins de 10 % à la rentrée de 2021.
C’était pourtant une volonté forte, durant le mandat de François Hollande (2012-2017), qui avait permis, par la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République de 2013, d’organiser la scolarisation des enfants de moins de 3 ans. Cette incitation visait notamment les zones sensibles, urbaines et rurales.
Depuis, le code de l’éducation dispose que les enfants « peuvent être accueillis [à l’école] dès l’âge de 2 ans révolus ». L’accueil de ces élèves s’organise en priorité dans les établissements situés dans un environnement social défavorisé, qu’il s’agisse de zones urbaines, rurales, montagnardes ou ultramarines. Il affirme, en outre, que « dans ces classes et écoles les enfants de moins de 3 ans sont comptabilisés dans les prévisions d’effectifs d’élèves pour la rentrée ».
Gommer les inégalités géographiques
Les bénéfices d’une telle prise en charge sont avérés pour l’enfant. Elle favorise la socialisation de l’enfant et facilite le passage de l’environnement familial à l’environnement scolaire. La scolarisation à partir des 2 ans de l’enfant permet également le développement moteur, le développement langagier, ou encore le développement intellectuel. Par ailleurs, cette mesure contribue à réduire les inégalités sociales dès le plus jeune âge, en offrant à chacun et chacune des opportunités égales.
Dans les zones rurales, où les familles sont contraintes par l’éloignement des structures éducatives et les difficultés d’accès aux services de garde d’enfants (absence de crèches, pénurie d’assistantes maternelles, etc.), la scolarisation des enfants de moins de 3 ans revêt un rôle essentiel. Cette politique contribue à gommer les inégalités géographiques et à simplifier le quotidien des parents.
Pourtant, cette prise en compte des moins de 3 ans reste contournée par les services académiques. Alors que ces enfants doivent être comptabilisés dans les prévisions d’effectifs d’élèves, les services académiques départementaux négligent ou contournent fréquemment cette exigence, tout particulièrement concernant les écoles communales classées en zones de revitalisation rurale.
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