L’Union européenne (UE) est-elle plus souveraine huit ans après le 26 septembre 2017 ? Ce jour-là, à la Sorbonne, Emmanuel Macron défendait une Europe qui s’assume et s’affirme comme puissance.

Pour mesurer le chemin parcouru, il faut rappeler le point de départ. Le contexte d’abord : nous étions quelques mois après un double choc, la première élection de Donald Trump et le Brexit [le lundi 13 mars 2017, la Chambre des communes et celle des lords votent le projet de loi autorisant Theresa May à activer le Brexit], qui laissait envisager un délitement pur et simple de l’Union européenne. La définition ensuite : la souveraineté européenne, c’est être capable de défendre et de promouvoir nos intérêts et nos valeurs, de le faire aussi à l’échelon européen. Le contenu, enfin : « La Sorbonne », ce sont plus de cinquante propositions, d’une force de sécurité civile européenne à une dette commune pour investir ensemble.

Unité et soutien de l’opinion à l’UE renforcés ; abandon discret des thèses de sortie de l’Union ou de l’euro par les partis extrémistes, en France notamment ; réponse efficace à la crise du Covid-19, par un plan de relance européen massif, et soutien décisif à l’Ukraine : loin de s’écrouler, l’Union a tenu bon. Une vaste majorité des propositions de la Sorbonne est mise en œuvre – des universités européennes à un premier budget de défense conjoint. Et la France a été, indéniablement, l’acteur-clé de cette résilience, de cette réussite.

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Au moment où, face à un « Trump 2 » débridé, à un accord commercial indigne de notre puissance, aux guerres qui s’enracinent de Gaza à l’Ukraine, un doute légitime émerge de nouveau sur la souveraineté réelle de l’Europe, quelles leçons peut-on en tirer ?

Un effet d’entraînement gigantesque

La première leçon est de méthode, et elle est essentielle au succès des idées françaises. Il ne suffit de proclamer notre génie. L’influence, dans l’UE, ne se décrète pas. Elle se bâtit patiemment, collectivement.

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