La présidente péruvienne, Dina Boluarte affronte, jeudi 9 octobre en soirée, une procédure de destitution devant le Parlement, après le dépôt de plusieurs motions en ce sens. La cheffe de l’Etat de 63 ans est convoquée en séance plénière à partir de 23 h 30 locales (06 h 30, vendredi à Paris), selon la résolution adoptée par le Parlement.
Dina Boluarte pourra assurer elle-même sa défense ou être représentée par un avocat, a fait savoir le président du Parlement monocaméral, José Jerí. Elle serait déchue de ses fonctions si 87 des 122 députés ayant pris part au vote se prononçaient en faveur de sa destitution.
Les principales forces politiques du Parlement ont déposé au cours de la journée cinq motions de destitution. L’examen de quatre d’entre elles a été approuvé à la majorité par le Parlement. Les motions invoquent une « incapacité morale permanente » de la présidente à exercer ses fonctions, selon les documents lus à l’ouverture de la session parlementaire.
Dina Boluarte a déjà fait l’objet de plusieurs tentatives de destitution, sans qu’aucune n’aboutisse. Cette fois-ci la procédure pourrait aller plus loin, les partis de droite et d’extrême droite qui la soutenaient jusqu’à présent l’ayant lâchée. En cas de destitution, le président du Parlement – dominé par la droite et l’extrême droite – assumerait le pouvoir par intérim jusqu’aux élections générales d’avril 2026.
Une présidence fragilisée par les scandales et la violence
Le Pérou traverse la pire période d’instabilité politique de son histoire moderne, avec six présidents en près de neuf ans. Arrivée au pouvoir après la destitution du président Pedro Castillo, dans un contexte de manifestations violemment réprimées qui ont fait au moins 50 morts, Dina Boluarte connaît une impopularité record.
Son mandat est par ailleurs entaché par plusieurs affaires, dont le scandale du « Rolexgate », portant sur des montres et bijoux de luxe qu’elle n’aurait pas déclarés, et une rhinoplastie pratiquée en juillet 2023 gardée secrète alors que la loi l’obligeait à en informer le Parlement.
Ces dernières semaines, les manifestations contre le gouvernement se sont multipliées à Lima face à la vague d’extorsions et de meurtres attribués au crime organisé.
Cette nouvelle crise politique intervient alors qu’un groupe de musique a été la cible de tirs mercredi soir dans la capitale qui ont fait cinq blessés, dont quatre musiciens. Les autorités n’ont pas encore déterminé si l’attaque était liée au fléau de l’extorsion. Cependant, le président de l’Association des artistes et entrepreneurs du Pérou, Walter Dolorier, a assuré que les musiciens avaient reçu des « menaces » de la part de groupes criminels.
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« Les Péruviens vivent dans une peur constante (…) et cela n’est pas une manœuvre politique, mais la conséquence du fait que nous n’avons pas de véritable dirigeante, seulement de la frivolité », a dénoncé la députée Norma Yarrow, du parti de droite Renovación Popular.
Si Dina Boluarte était destituée, elle perdrait son immunité et se retrouverait exposée à d’éventuels procès susceptibles de la conduire en prison.