Un tribunal de Washington est en train de se poser cette question : Donald Trump viole-t-il la Constitution américaine en excluant Associated Press [AP] du bureau Ovale ? Les enjeux excèdent largement les droits de cette agence de presse [qui a intenté, le 21 février, un procès contre trois responsables de l’administration Trump pour avoir bloqué l’accès de ses journalistes aux événements présidentiels]. Trump entend en effet contrôler les informations diffusées sur son gouvernement, un projet qui passe avant tout par l’assujettissement de la presse.
Le « press pool » de la Maison Blanche est un groupe restreint de journalistes qui couvrent les activités présidentielles pour l’ensemble des médias, et en définitive pour le public. Depuis plus d’un siècle, ce pool de journalistes constitue les yeux et les oreilles de la population dans toutes les situations auxquelles elle ne peut assister, que le président s’adresse à la presse dans le bureau Ovale ou qu’il effectue un déplacement à l’étranger. Ce sont ces journalistes qui avaient couvert la mort du président Franklin D. Roosevelt [le 12 avril 1945]. Ce sont eux qui étaient là lorsque le président John F. Kennedy a été assassiné [le 22 novembre 1963] et que le président Ronald Reagan a été la cible d’une tentative d’assassinat [le 30 mars 1981]. Ce sont eux, également, qui se trouvaient aux côtés du président George W. Bush lorsqu’il a été informé des attentats du 11 septembre 2001.
Depuis les années 1980 au moins, par le biais de la White House Correspondents’ Association, la presse américaine décide elle-même des correspondants qui peuvent ou non faire partie de ce pool. Or, mi-février, la porte-parole de la Maison Blanche [Karoline Leavitt] a annoncé qu’AP serait bannie du bureau Ovale tant qu’elle n’accepterait pas d’appeler le golfe du Mexique « golfe d’Amérique ». La Maison Blanche a ensuite exclu AP de l’Air Force One, l’avion présidentiel, puis d’autres espaces, au motif que l’agence « instrumentalisait » son guide de style éditorial – cet ensemble de règles concernant notamment les noms géographiques – pour refuser d’adopter la dénomination présidentielle.
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