Professeur de sciences politiques, Olivier Schmitt est directeur de recherche à l’Institut des opérations militaires du Danemark et auteur de Préparer la guerre. Stratégie, innovation et puissance militaire à l’époque contemporaine (PUF, 2024). Dès 2014, dans une tribune au Monde, il alertait sur la « politique russe particulièrement inquiétante pour la sécurité de l’Europe et de la France ».

Comment analysez-vous l’accord entre les Etats-Unis et l’Ukraine sur le principe d’un cessez-le-feu de trente jours ?

La bonne nouvelle pour l’Ukraine est que les Etats-Unis ont repris dans la foulée les livraisons d’armes et le partage de renseignement. En revanche, il n’y a aucune précision sur les conséquences pour la Russie si celle-ci refuse l’accord. Si tel est le cas, il faut espérer que Washington emploiera des mesures visant à contraindre la Russie à se rendre à la table des négociations, faute de quoi la manœuvre n’aura été qu’une licence conférée à la Russie de continuer sa guerre d’agression, tout en réduisant ponctuellement la capacité ukrainienne à se défendre.

La France et l’Allemagne plaident pour une Europe « indépendante des Etats-Unis », quand d’autres pays, comme la Pologne, aspirent à rester sous protection américaine. Une politique du « en même temps » vous semble-t-elle possible ?

Tout dépend de la lecture que l’on fait de la stratégie de Donald Trump. Dans une lecture optimiste, Trump est dans une démarche exclusivement transactionnelle. Il s’inscrit dans les pas de nombreux présidents américains qui réclamaient déjà à l’Europe de mettre un terme au sous-investissement de sa défense, avec raison d’ailleurs. Dans cette perspective, si l’Europe augmente ses dépenses de défense, Trump considérera qu’elle a payé sa part du fardeau et le lien transatlantique sera renouvelé.

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