Marie-Laure Denis, présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), affiche sa vigilance à propos de l’intelligence artificielle (IA), sur laquelle l’autorité a publié, avant l’été, des fiches pratiques à l’attention des entreprises. « Si on veut que les Français s’approprient cette technologie, il faut leur montrer que leurs droits seront protégés », estime la conseillère d’Etat, alors que des géants américains du numérique, comme Meta, accusent la régulation européenne de brider l’innovation.
La garante du respect de la vie privée se dit toutefois ouverte à des adaptations et à des simplifications de procédures, notamment pour favoriser la recherche en santé. Mais elle alerte aussi sur les enjeux liés à l’usage de l’IA dans le travail ou les services publics, et appelle à faire le bilan de l’expérimentation de vidéosurveillance algorithmique pendant les Jeux olympiques (JO) de Paris, avant de la pérenniser.
Des acteurs comme Meta (Facebook, Instagram) estiment qu’on devrait les autoriser à entraîner leurs modèles d’IA sur les contenus publiés par les utilisateurs sur leurs plateformes. Qu’en pensez-vous ?
Ces questions sont centrales. Meta, X ou LinkedIn ont effectivement souhaité réutiliser les données publiées sur leurs services. L’autorité irlandaise de protection des données a donc lancé une réflexion, et les pays européens devront se positionner d’ici la fin de l’année. Ce sujet pose des questions, notamment concurrentielles, car des entreprises pourraient capitaliser sur les données de leurs utilisateurs pour asseoir une position dominante dans l’IA.
Plus largement, les fabricants d’IA entraînent aussi leurs modèles sur des données de tiers accessibles en ligne, sur des sites Web, etc. Or, ce n’est pas parce que des données ont été rendues publiques qu’elles ne peuvent pas être personnelles. Ainsi, Clearview, qui entraînait son logiciel de reconnaissance faciale sur des photos publiées sur les réseaux sociaux, a été sanctionné par la CNIL. Entraîner des IA sur des données personnelles n’est pas interdit, mais il faut respecter le règlement européen sur la protection des données [Règlement général sur la protection des données, RGPD].
Mais, selon Meta, la CNIL irlandaise l’empêche d’entraîner et de lancer ses assistants d’IA dans l’Union européenne (UE), car elle lui impose de demander par exemple à ses utilisateurs leur consentement…
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