Quel bilan tirer du pontificat de François ? Après douze ans de règne et une succession d’initiatives inédites dans l’histoire de la papauté, la pression pour répondre au plus vite à cette question est forcément insistante, alors qu’elle appellerait au contraire la maturation prudente de l’analyse. Et il est d’autant plus difficile de tenter une réponse que la réflexion est parasitée par les appréciations les plus contradictoires – des plus dithyrambiques aux plus violemment outrageantes – qui ont déferlé à son propos tout au long de sa trajectoire au Vatican.

Ses prédécesseurs ont certes été contestés, au sein et en dehors du catholicisme, mais aucun d’entre eux n’a été l’objet, autant que François, de campagnes hostiles organisées, relayées et amplifiées par les réseaux sociaux, visant directement sa personne et sa légitimité. Aucun non plus, sans doute, n’était parvenu, comme l’a montré – entre autres – la réception de l’encyclique Laudato si’ sur la sauvegarde de la « maison commune » [texte phare de François publié en 2015 sur l’écologie], à faire résonner aussi largement une parole romaine au-delà des frontières du monde catholique.

Rupture majeure

S’il est évidemment impossible d’évaluer la marque que laissera le pontificat de François dans le devenir de la catholicité, il n’est pas plus aisé de projeter celle que le pape argentin va imprimer dans la mémoire des fidèles et dans l’opinion. Retiendra-t-on la rupture majeure – au regard de siècles de condamnations sans appel des homosexuels – constituée par la question devenue fameuse « [Si une personne est gay], qui suis-je pour juger ? », ou bien la violence de la désignation des médecins pratiquant des interruptions de grossesse comme des « tueurs à gages » ?

Retiendra-t-on l’audace qu’il eut en nommant des femmes à des postes-clés de l’administration curiale, ou bien les atermoiements sans fin de la décision touchant à leur possibilité d’accéder à l’ordination diaconale ? Sa préoccupation sincère de la reconnaissance de leur travail pastoral dans l’Eglise, ou bien la « magnification » essentialisante de la spécificité supposée de leur vocation, étrangère par définition à l’exercice du pouvoir sacral ?

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