Joe Walsh a mené sa première campagne électorale à vélo, en 1996, chez lui dans l’Illinois. Puis sa deuxième, qui s’est également soldée par un échec, dans un bus scolaire jaune. Il faut lui reconnaître de l’obstination et un certain goût de la mise en scène. Les portes de la Chambre des représentants se sont enfin ouvertes devant lui, en 2010. Joe Walsh est entré avec fracas, porté par la vague d’un mouvement populiste puissant mais éphémère, le Tea Party. « J’ai toujours été très libertarien, pro-marché libre, en faveur du plus petit gouvernement possible », résume-t-il.

Pendant des années, se délectant de l’attention médiatique, Joe Walsh brille par ses outrances. Il suggère, un jour, que Barack Obama doit son élection au fait qu’il est un « homme noir éloquent, libéral », profitant de « toute la culpabilité blanche ». Il relaie aussi des mensonges. Le président démocrate ? Un musulman caché. Son certificat de naissance ? Un faux.

Joe Walsh n’est plus cet homme. De micros en estrades, le républicain figure parmi les plus sévères contempteurs de Donald Trump. Lorsqu’il échange sur le réseau social X, il émaille souvent ses messages du mot « respectueusement ». A chaque fois qu’il prend la parole, il commence par s’excuser pour son rôle passé. C’est le cas lors de notre conversation. « J’ai contribué à créer les conditions favorables à Trump. J’ai dit beaucoup d’horreurs, et pas seulement contre Obama : contre mes camarades républicains. Des gens comme moi ont aidé à radicaliser la base du parti. Voilà pourquoi il existe une connexion entre le Tea Party et le mouvement MAGA [Make America Great Again ; supporteurs de Trump]. Mais il est aussi très important de comprendre que l’establishment républicain porte sa propre responsabilité, pour avoir ignoré cette base pendant des années. Putain, ils ont dormi alors qu’ils étaient aux manettes pendant tant de temps ! »

Le monde des « never-Trumpers » conservateurs forme un paysage éparse. Il n’était pas aussi densément peuplé au cours des deux campagnes précédentes du milliardaire. Mais son poids réel interroge, tant le Grand Old Party (GOP) a changé de visage. « Ils n’ont presque pas d’influence, car ils n’ont pas de partisans, note le consultant conservateur Frank Luntz. Et je le dis alors que ce sont souvent des personnes remarquables et courageuses. » Cette résistance est composée d’anciens élus ou cadres du parti, de membres de l’administration Trump (2017-2021) – à commencer par l’ancien vice-président Mike Pence, muet pendant la campagne –, d’ex-conseillers ou responsables des services de sécurité, de hauts gradés.

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