Les deux mois qui ont séparé la victoire de Donald Trump, le 5 novembre 2024, de son intronisation, le 20 janvier 2025, ont été marqués par une ébullition et une euphorie comme on en avait rarement connu.

Tous les jours, de nouvelles personnalités se rendaient à Mar-a-Lago, le domaine du milliardaire en Floride, pour faire allégeance au nouveau président élu. Chaque jour, de nouvelles rodomontades faisaient les délices des tabloïds et des fuites savamment organisées tenaient électeurs et médias en haleine, tandis que les voisins du milliardaire étaient au bord de la crise de nerfs.

Force est de constater que, quatre mois après, l’euphorie a définitivement disparu. Les résultats du département de l’efficacité gouvernementale (Department of Government Efficiency, DOGE) sont pour le moins mitigés et les attaques contre la science et les universités ont choqué les opinions du monde entier. Elon Musk, en grave difficulté à la suite de la chute des ventes de Tesla, sa marque de véhicules électriques, a quitté le gouvernement le 27 mai, et a fait savoir qu’il était déçu par le One Big Beautiful Bill Act, le grand projet de réforme fiscale de Trump, qu’il a qualifié d’« abomination dégoûtante ».

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Sur le plan international, les fanfaronnades du président qui prétendait mettre un terme à la guerre entre la Russie et l’Ukraine en vingt-quatre heures se sont révélées si vaines que les Etats-Unis envisagent de se retirer des négociations. Les déclarations honteuses sur la transformation de la bande de Gaza en station balnéaire, alors même que le monde entier appelle Israël à mettre fin à la guerre d’anéantissement menée contre la population gazaouie, ont considérablement terni l’image du pays. Pire encore (du point de vue américain du moins), l’économie est en berne, l’inflation reste haute, et les reculades successives sur les droits de douane ont sidéré une bonne partie de la planète.

Armageddon économique

Dans ce contexte angoissant, un certain pessimisme atteint les marchés et, comme souvent, les analystes usent d’un vocabulaire apocalyptique pour dramatiser la situation. Il y a à peine un an, les milieux financiers s’inquiétaient d’un effrayant programme de taxes qui serait mis en place par les démocrates s’ils étaient élus : les médias conservateurs comme Fox annonçaient alors l’imminence d’un Armageddon fiscal – aux Etats-Unis, on parle plus volontiers de l’Armageddon, la grande bataille finale qui doit opposer les forces du Bien à celles du Mal, dans la plaine de Megiddo, en Israël, que d’apocalypse.

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