Le patron des services secrets était auditionné ce matin par la chambre des députés.
Face aux élus, Bruno Kahl a déclaré qu’un « conflit militaire direct avec l’Otan » devient « une option » pour la Russie.
Une alerte similaire à celle des deux autres services de renseignements allemands.

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Les trois services de renseignement allemands tombent d’accord. Le « niveau inédit » des actes d’ingérence actuels de Moscou est alarmant. Et ne présage rien de bon. Interrogés lors d’une audition publique à la chambre des députés, ils ont chacun leur tour mis en garde contre l’intensification des actions venues de Moscou, mais aussi sur les nouvelles capacités de ce pays qui ne cesse de menacer l’Occident. 

« En termes humains et matériels, les forces armées russes seront probablement en mesure de mener une attaque contre l’Otan dès la fin de cette décennie », a par exemple estimé Bruno Kahl. Selon le patron des services d’espionnage et contre-espionnage allemands (BND), la situation est telle qu’un « conflit militaire direct avec l’Otan devient une option pour la Russie ».

La menace russe est « un véritable ouragan »

Preuve de cette volonté, le directeur des services secrets affirme avoir des informations démontrant que « Moscou se prépare à une escalade de plus en matière d’actions hybrides et secrètes ». Avec des actes d’ingérence (nouvelle fenêtre)qui ont atteint un « niveau inédit », le Kremlin souhaiterait « tester les lignes rouges de l’Occident ». Objectif ultime pour Moscou : « Chasser les États-Unis de l’Europe », ramener les « frontières de l’OTAN aux années 1990 » et créer une « sphère d’influence russe » dans le but de consolider un « nouvel ordre mondial », a-t-il listé.

Une analyse que partagent les trois services de renseignement allemands, qui ont tous épinglé les activités des services secrets russes dans le pays. La présidente du service de contre-espionnage militaire, Martina Rosenberg, a ainsi fait état d’une « augmentation significative des actes d’espionnage et de sabotage » visant l’armée allemande. Ils sont en hausse en Allemagne, « tant quantitativement que qualitativement », a abondé le chef du Renseignement intérieur, Thomas Haldenwang. Devant les députés, ce dernier a notamment accusé Moscou d’être à l’origine du colis qui a pris feu dans un centre du transporteur DHL à Leipzig, en juillet. Si le colis « avait explosé à bord pendant le vol, il y aurait eu un crash », a-t-il dit, mentionnant aussi des campagnes de désinformation et des cas d’utilisation de drones espions (nouvelle fenêtre).

Pour faire réagir les élus dans ce pays qui possède une relation tout à fait particulière avec la Russie, le patron du renseignement intérieur a usé d’une métaphore météorologique. De « tempête », la menace russe est devenue à ses yeux « un véritable ouragan », qui se déplace « d’est en ouest ». Une manière d’exprimer que les États baltiques et la Pologne, où les actions russes « sont beaucoup plus brutales qu’elles ne le sont actuellement ici », sont en première ligne. Un cri d’alarme qui s’ajoute à une longue série d’avertissements envoyés de la part des services de renseignements occidentaux.


F.S.

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