Comme chaque 7 décembre, Milan fête son saint patron, Ambroise. Le matin, une messe est donnée dans la basilique qui porte le nom de cet évêque du IVe siècle, célèbre pour ses hymnes enflammées. Puis le maire remet l’Ambrogino d’oro, une médaille distinguant les figures émérites de la capitale lombarde. Le rituel veut que les célébrations s’achèvent au théâtre de la Scala, qui ouvre ce soir-là sa saison lyrique.
Avant le spectacle inaugural, les VIP papillonnent sous les lustres de la mythique maison, comme l’acteur Pierfrancesco Favino. L’Italien joue dans Maria (en salle le 5 février), le film de Pablo Larraín sur la soprano Maria Callas, à qui la Scala doit une part de son éclat. « Le 7 décembre [2024], j’ai eu le sentiment de participer à un rite, confiera plus tard le comédien. En Italie, chaque ville dispose d’une église et d’un théâtre. La Scala est celui où notre histoire résonne le plus fort. »
Ignazio La Russa, président du Sénat italien, prend place sous les ors de la loge royale pour assister à la représentation. Le politicien d’extrême droite y retrouve la sénatrice à vie Liliana Segre. A 94 ans, la rescapée des camps nazis ne se déplace plus sans garde du corps depuis qu’elle est la cible d’attaques antisémites. Déroutant attelage que celui-là, à qui il incombe donc, en l’absence de la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, et du président de la République, Sergio Mattarella, à Paris pour la réouverture de Notre-Dame, de représenter l’Etat italien. Les caméras de la RAI, la télévision publique, ne ratent pas une seconde de l’événement, retransmis en direct sur la première chaîne. Pour l’occasion, trente-sept écrans géants ont été érigés, en même temps que les sapins de Noël, dans des prisons, des écoles ou des hôpitaux milanais.
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