Une explosion a gravement endommagé un des murs en béton du canal qui approvisionne en eau des centaines de milliers d’habitants du Kosovo.
Dès le lendemain, plusieurs personnes ont été interpellées et Pristina accuse Belgrade, avec qui les tensions durent depuis la fin de la guerre en 1999.
L’UE a dénoncé cet acte « terroriste », ainsi que les États-Unis.
Un « acte abject de sabotage » qui a très fortement perturbé l’approvisionnement en eau courante de milliers de personnes. Un canal essentiel pour l’approvisionnement en eau d’une partie du Kosovo a été endommagé par une explosion survenue vendredi 29 novembre. Pristina, dont les relations avec la Serbie sont très compliquées depuis la guerre, accuse Belgrade qui dément toute implication. La communauté internationale, qui condamne l’attaque, s’inquiète d’un embrasement. TF1info fait le point sur ce que l’on sait.
Que s’est-il passé ?
Vendredi soir, le canal Ibar-Lepenac qui relie le nord du Kosovo à majorité serbe, à la capitale Pristina, est sévèrement endommagé par une explosion, près de la ville de Zubin Potok. La déflagration a laissé un trou béant dans l’un des murs en béton du canal, qui approvisionne en eau potable des centaines de milliers d’habitants du nord du pays et une partie de Pristina. Cette eau est également essentielle au refroidissement de deux centrales électriques au charbon, principale source d’électricité du Kosovo.
Rapidement, le Premier ministre kosovar Albin Kurti dénonce « une attaque criminelle et terroriste visant à détruire nos infrastructures critiques », menée par « des professionnels ».
Le Kosovo accuse la Serbie, qui dément
Dans ses premières déclarations, le Premier ministre kosovar accuse des « gangs dirigés par la Serbie » d’avoir mené l’attaque. Une accusation qui s’inscrit dans la longue histoire de tensions entre le Kosovo et la Serbie, qui persistent depuis la guerre entre les forces serbes et les Kosovars à la fin des années 1990. Le Kosovo a par la suite déclaré son indépendance en 2008, une décision que la Serbie refuse de reconnaître.
De son côté, la Serbie nie toute implication. Par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Belgrade « condamne avec la plus grande fermeté l’attaque », appelant « toutes les parties à résister aux provocations et à privilégier le dialogue, la compréhension mutuelle et la coopération » mais en sous-entendant que le régime kosovar pourrait être « potentiellement impliqué ».
Au lendemain de l’explosion, Albin Kurti annonce plusieurs arrestations en lien avec l’attaque et assure que les mesures de sécurité autour des « installations critiques » ont été renforcées. « Nous tenons la Serbie pour responsable », a-t-il martelé. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le président serbe Aleksandar Vucic « nie sans équivoque toute implication » de son pays et dénonce des « accusations sans fondement », « irresponsables » et « inquiétantes ».
Condamnations de la communauté internationale
Samedi, alors que le Kosovo a annoncé qu’« environ un quart » de l’approvisionnement en eau passant par le canal endommagé était assuré, la communauté internationale a condamné l’attaque. « Il s’agit d’un acte abject de sabotage contre les infrastructures civiles essentielles du Kosovo, qui fournissent de l’eau potable à une partie considérable de la population », a écrit dans un communiqué le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell, dénonçant « une attaque terroriste » et assurant le Premier ministre kosovar du soutien et de la solidarité des 27.
« Cet attentat aurait pu avoir des conséquences considérables », a de son côté dénoncé la France, appelant à ce que « les auteurs soient traduits devant la justice kosovare ». Les États-Unis, via leur ambassade à Pristina, ont aussi fermement condamné « l’attaque contre des infrastructures critiques ». La Turquie a appelé toutes les parties « à éviter l’escalade » et offert son aide au Kosovo.
Tout en condamnant un « acte de sabotage », le Premier ministre albanais, Edi Rama, a estimé qu’il était temps pour l’UE de donner un nouvel élan aux discussions entre le Kosovo et la Serbie .
L’attaque du canal fait suite à une série d’incidents dans le Nord, notamment des grenades lancées contre un bâtiment municipal et un poste de police en début de semaine. Elle survient alors que des élections législatives doivent se tenir le 9 février au Kosovo.