Lise Davidsen est Leonora dans « La Forza del Destino », de Verdi, au Metropolitan Opera à New York, en février 2024.

La haute silhouette de Lise Davidsen s’est encadrée dans la petite pièce en sous-sol qui sert de repaire feutré aux « visiteurs » du Metropolitan Opera de New York. Cheveux dénoués et tenue décontractée. La soprano norvégienne portait encore la veille le costume et le fatum de la sacrificielle Leonora de Verdi dans La Forza del destino, abordée pour la première fois en version scénique. Elle affrontait aussi, déchirée entre raison familiale et cœur amoureux, caméras et sunlights : ce 9 mars, la production mise en scène par Mariusz Trelinski était diffusée en direct dans plus de 1 600 cinémas et soixante pays grâce aux réseaux mondiaux de Pathé Live. « Pour nous, chanteurs, c’est à nouveau comme une première, observe-t-elle. On connaît bien sûr le spectacle, mais on ne peut s’empêcher de penser au nombre de personnes qui peuvent le voir. Cela fait beaucoup plus de monde dans la tête, et dans les coulisses ! »

La carrière de Lise Davidsen a démarré après que la jeune femme a remporté en 2015, à 28 ans, une pléiade de concours en vue, dont le fameux Operalia, fondé par Placido Domingo, dont elle a raflé d’un coup trois récompenses (le premier prix, le Prix du public et le prix Birgit Nilsson). Des lauriers rapidement consacrés sur les grandes scènes internationales, du Metropolitan Opera de New York au Royal Opera House de Covent Garden à Londres, de la Scala de Milan, de Munich (Allemagne), de Vienne, ainsi que d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), Bayreuth (Allemagne), et Glyndebourne (Royaume-Uni).

Mais la musicienne n’est pas une chanteuse de plus parmi les plus talentueuses. Elle possède en effet une voix comme il y en a une toutes les trois ou quatre générations, assurent les connaisseurs. Une voix qui l’a d’emblée propulsée dans le sillage de cantatrices mythiques, telles sa compatriote Kirsten Flagstad (1895-1962), ou la Suédoise Birgit Nilsson (1918-2005), toutes deux grandes wagnériennes, dont les trajectoires ont laissé une marque indélébile dans l’histoire de l’art lyrique.

Regard bleu et verbe bref

Puissance de la projection, timbre d’airain aux aigus insolents, souffle inépuisable, mélange de fraîcheur et de maturité : la soprano excelle particulièrement dans le registre héroïque. Mais elle séduit également par son art raffiné de la nuance et de la demi-teinte, pratiqué avec virtuosité. Ses premières prises de guerre se nomment Wagner et Richard Strauss, dont elle fera, du 9 au 28 mai, la prise du rôle-titre de Salomé à l’Opéra de Paris dans la production controversée de Lydia Steier, en 2022. Une situation inconfortable qui ne déstabilise pas l’artiste de 37 ans. « L’avenir de l’opéra nécessite de faire évoluer la tradition afin d’intégrer sur scène le monde contemporain moderne, estime-t-elle. Parfois, ce n’est bien sûr pas sans risque car les choses prennent du temps pour être acceptées du grand public. »

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