Le diagnostic semble sans appel : « La Suède est en train de mourir », a affirmé Elon Musk sur son réseau social, X, le 9 décembre. Son tweet rebondissait sur celui de Peter Imanuelsen, alias « Peter Sweden », influenceur suprémaciste suédois qu’il a l’habitude de relayer. « La Suède était autrefois l’un des pays les plus sûrs au monde. Ce n’est plus le cas. Malmö est aussi dangereuse que Bagdad », jugeait M. Imanuelsen, tout en évoquant « 65 zones inaccessibles » et un bond de 2 300 % du nombre de viols en cinquante ans.
Cette saillie n’est ni isolée, ni gratuite. Comme le relève la chercheuse suédoise Mathilda Akerlund dans une étude sur l’instrumentalisation politique des viols, « l’extrême droite internationale, avec l’extrême droite américaine en ligne de front, entretient depuis longtemps l’idée que la Suède serait littéralement la “capitale mondiale du viol” ».
Noircir le tableau
L’internationale suprémaciste instrumentalise cette idée pour entretenir le mythe d’un « djihad du viol » qui serait tu par crainte du politiquement correct. L’idée a fait naître dans la fachosphère le concept d’« informations taboues » (« taboo news »), en général des agressions sexuelles de femmes suédoises blanches imputables à des étrangers, qu’il faudrait coûte que coûte relayer pour combattre l’immigration, quitte à noircir le tableau comme le fait « Peter Sweden ».
Ainsi, les « no go zones » (zones inaccessibles) qu’il désigne correspondent aux utsatta områden, littéralement des « zones sensibles », au taux de pauvreté et de criminalité élevé. La liste de ces zones, définie par la police, en compte 65 en décembre 2025. Parmi celles-ci, les forces de l’ordre suédoises en identifient 14 où il leur est « difficile, voire quasi impossible » d’accomplir leur mission. Elles affirment néanmoins que le tableau général est en voie d’amélioration.
Les comparaisons entre Bagdad et Malmö s’appuient quant à elle sur l’indice criminel de Numbeo, un site collaboratif, qui classe les deux villes respectivement 96ᵉ et 97ᵉ sur 385 – la numéro 1 étant la ville la plus criminelle. Mais, comme la plateforme le précise, ses classements sont effectués par sa communauté, sur la base du « taux de criminalité perçu », sans aucune autre forme de méthodologie scientifique.
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