La région des Hauts-de-France est en train de devenir la vallée de la frite.
Des usines géantes poussent à côté des champs de pommes de terre.
La filière n’en finit plus de se développer pour répondre à la demande, a constaté une équipe du JT de TF1.

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Le 13H

Pour satisfaire l’appétit toujours plus grand en frites, les usines poussent comme des champignons dans les Hauts-de-France. Nouvelle production au port de Dunkerque, transformation de la sucrerie Tereos en usine de frites et bientôt un agrandissement du géant canadien McCain. 

260.000 tonnes de frites par an sont produites sur ce site à Harnes (Pas-de-Calais). Les pommes de terre y parcourent un kilomètre de tapis roulant avant de devenir des frites. 800 tonnes sortent de cette ligne chaque jour. De quoi nourrir 4 millions de personnes. Mais ce n’est pas suffisant pour le directeur, Maxime Debrye. Son groupe investit 300 millions d’euros dans une nouvelle ligne de production qui sera opérationnelle dans cinq ans. « La demande évolue sur les frites pour les intégrer dans les menus, et notre souhait est donc de répondre à cette demande. On va avoir une augmentation de nos volumes, de l’ordre de 100.000 tonnes de produits finis supplémentaires. »

Un système innovant d’échange de champs

Le Canadien n’est pas le seul à vouloir sa part du gâteau. Il aura dans quelques années un nouveau concurrent belge implanté en Picardie. « Nous avons prévu dans cette zone la construction d’un hall pour la production de frites surgelées », montre Olivier Maes, responsable environnement et sécurité chez Ecofrost, dans le reportage en tête de cet article. Ecofrost lance sa toute première usine française. Il espère conquérir 20% du marché national et produire 200.000 tonnes de frites chaque année. 

Comme la plupart des autres industriels, ces deux entrepreneurs ont choisi les Hauts-de-France, car c’est un emplacement stratégique. « On est en plein cœur de l’Europe, on est proche de Paris, proche de Bruxelles. Pour les expéditions, on a les infrastructures routières qui sont performantes. On aura demain le canal Seine-Nord Europe… », détaille Mathieu Lenglet, cofondateur d’Ecofrost. 

 

L’autre atout, c’est la proximité avec les agriculteurs. Près de deux pommes de terre sur trois poussent dans la région. Pour suivre la demande. Les producteurs comme Bertrand Achte ont mis en place un système innovant. Comme il ne peut pas faire pousser ses pommes de terre deux années de suite sur le même champ, c’est la règle, il échange son terrain avec un autre agriculteur « où lui, il a mis du lin ». Cet arrangement lui permet d’éviter d’acheter de nouvelles terres tout en augmentant sa surface de production : « On fait à peu près deux ou trois hectares de surface supplémentaire et il y a encore des besoins. On va voir si on trouve également encore plus de gens qui seraient intéressés par ce genre de système. » 

Cette culture a l’avantage d’être rémunératrice. La pomme de terre rapporte une fois et demie plus qu’une céréale. Samuel et Virginie l’ont bien compris. Ils vont abandonner l’année prochaine leur production d’orge d’hiver qui sert à nourrir les animaux. « Le marché est bouché pour cette culture-là ». Ça leur rapporte seulement moins de 1000 €, ça pourrait être sept fois plus pour la pomme de terre, sans compter les charges. C’est un débouché assuré. « Le fait que la culture a le vent en poupe et qu’elle soit suffisamment rémunératrice, elle va permettre à des nouveaux producteurs comme nous de pouvoir s’engager et d’aller dans cette aventure-là. C’est rassurant », confie Samuel Bridoux. 

Pour répondre à la demande mondiale toujours plus forte, il faudra produire 40 millions de tonnes de pommes de terre en plus dès 2025.


La rédaction de TF1 | Reportage Vincent Lamhaut, Thierry Chartier

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