La voix française de Sylvester Stallone, celle du comédien Alain Dorval décédé l’an dernier, a été recréé grâce à l’intelligence artificielle pour les besoins du film d’action « Armor ».
La fille du défunt, la ministre Aurore Bergé, se défend d’avoir validé la bande-annonce qui suscite de vives critiques sur les réseaux sociaux.
L’affaire met en lumière l’inquiétude des professionnels du doublage devant l’utilisation de ces nouvelles technologies.
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Jusqu’où ira l’intelligence artificielle ?
Une première dans l’histoire du doublage ? Dans un article publié vendredi 10 janvier, Variety révèle que les start-ups Lumiere Ventures et ElevenLabs ont eu recours à l’intelligence artificielle pour récréer la célèbre voix française de Sylvester Stallone, celle du comédien Alain Dorval, décédé l’an dernier, pour les besoins du film d’action Armor. Pour commenter cette expérience inédite, la revue professionnelle cite la fille du défunt… Aurore Bergé, la ministre à l’Égalité entre les femmes et les hommes.
« Nous voulions faire quelque chose qui honore l’art et l’héritage de mon père », déclare cette dernière dans un communiqué. « Il y a une différence majeure entre créer artificiellement une nouvelle voix – et mon père s’y est fortement opposé – et ramener à la vie un acteur dont la voix est profondément ancrée dans notre imagination collective. »
Premier film à utiliser un doublage IA avec la voix d’un comédien de doublage décédé 😬. La voix française de Stallone 😬 En mars 2025, Armored sera présenté en première en France en tant que premier long métrage à utiliser un doublage IA. La société Eleven Labs a collaboré… pic.twitter.com/ZqXra1eQZp — Vincent Flibustier 👽 (@vinceflibustier) January 11, 2025
Si l’initiative était intrigante sur le papier, la diffusion de la bande-annonce ci-dessus sur les réseaux sociaux a vite suscité les railleries et/ou l’indignation des internautes, pour qui le résultat est aussi caricatural sur la forme que contestable sur le fond. Mais ils ne sont pas les seuls. Dans un message posté sur X, Aurore Bergé dément en effet avoir donné son autorisation au projet, du moins en l’état.
« J’ai donné mon accord pour un essai. Uniquement un essai », précise-t-elle. « Un accord me garantissant strictement que ma mère et moi-même serions en validation finale avant toute utilisation/ publication. Et que rien ne pourrait se faire sans notre accord. Je découvre… sur X que cet engagement n’est pas respecté. Je n’ai jamais validé une telle diffusion. Et mon père ne l’aurait jamais validée en l’état. »
Une technologie qui fait débat
Annoncée pour mars sur Prime Vidéo, la sortie d’Armor va-t-elle être remise en question ? Partout dans le monde, le développement de l’intelligence artificielle inquiète les professionnels du doublage. En décembre dernier, une centaine d’entre eux ont manifesté à Paris à l’appel des syndicats pour réclamer des protections contre des logiciels capables de faire leur travail à moindre coût.
À Hollywood, l’emploi de l’IA était au cœur des négociations entre les syndicats d’acteurs et les studios lors de la grève qui a paralysé l’industrie durant l’été 2023. Un accord a été conclu pour imposer le consentement des comédiens et des comédiennes quand leur voix ou leur apparence sont recréés par la technologie. Qu’ils soient vivants ou décédés…
Pour les besoins du récent Alien : Romulus, le réalisateur Fede Alavarez a obtenu l’autorisation de la famille du comédien britannique Ian Holm, disparu en 2020, afin de « ressusciter » Ash, l’androïde qu’il jouait dans le premier film en 1979. Ces dernières années, l’IA a également permis de faire revivre Carrie Fisher, la princesse Leïa de Star Wars. Mais aussi de rajeunir de 40 ans Harrison Ford dans le dernier épisode d’Indiana Jones.