L’Italie est parfois considérée comme un laboratoire politique où des prototypes seraient fabriqués et testés avant d’être exportés. La naissance du fascisme puis celle du berlusconisme au XXe siècle en donnent une triste illustration.

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Deux ans après l’arrivée au pouvoir de Fratelli d’Italia et de leurs alliés, il est encore trop tôt pour dire si le gouvernement de Giorgia Meloni permettra l’essor d’un « melonisme ». Cependant, dans le domaine spécifique des politiques migratoires, les 7 500 kilomètres de côtes italiennes constituent un terrain d’expérimentation où se prépare peut-être le prochain modèle adopté par l’Europe.

Cela dure depuis longtemps. Il y a près d’un quart de siècle, l’Italie fut l’un des premiers Etats de l’Union européenne (UE) à tisser un réseau d’accords bilatéraux promettant aux pays d’où proviennent les migrants des « quotas privilégiés » d’immigration légale, en échange d’une coopération renforcée en matière de contrôles et de réadmission des migrants expulsés.

Nouvelles formes d’externalisation

Aujourd’hui, la priorité est différente. Il ne s’agit plus de négocier des solutions pour gérer de façon consensuelle un phénomène émergent, mais plutôt de contenir par tous les moyens des arrivées considérées d’emblée comme un danger, tout en préservant formellement la façade d’un système libéral, soucieux de respecter les droits humains.

Jusqu’à présent, cet objectif suprême était poursuivi par deux stratégies complémentaires. D’une part, on essayait de bloquer le plus loin possible de nos côtes toute personne passible de demander l’asile, à travers des accords d’externalisation avec les plus importants pays de départ et de transit. Malgré les résultats obtenus, cette stratégie a toutefois le grave inconvénient de permettre aux pays partenaires de demander constamment une augmentation des financements qu’on leur accorde, en desserrant les mailles du filet pour faire monter les enchères.

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C’est pour faire face à ces difficultés et dans l’espoir de créer des formes plus efficaces de dissuasion que différents pays d’Europe ont commencé à explorer de nouvelles formes d’externalisation. On ne cherche plus à déléguer uniquement l’usage de la force pour bloquer les migrants, mais aussi l’évaluation des demandes d’asile. Les premières expérimentations remontent à il y a une vingtaine d’années, quand le Labour de Tony Blair entamait des négociations – jamais abouties – pour ouvrir des centres de traitement des demandes d’asile offshore en Tanzanie. En 2022, Boris Johnson a également tenté de mettre en place un tel système avec le Rwanda, mais cette fois, c’est la justice de Londres qui a bloqué l’expérience en estimant que le pays africain n’était pas « sûr », ce qui empêchait le refoulement.

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