- La comédienne et mannequin naturalisée française est décédée ce mardi en région parisienne.
- Elle avait notamment joué aux côtés d’Alain Delon, Henri Fonda et Jean-Paul Belmondo.
- Italienne née à Tunis, elle avait été naturalisée française.
Elle était une icône du cinéma. L’actrice franco-italienne Claudia Cardinale, monument du cinéma des années 1960, est décédée ce mardi 23 septembre « à l’âge de 87 ans auprès de ses enfants »
à Nemours, en Seine-et-Marne, où elle habitait, a annoncé à l’AFP son agent Laurent Savry dans la soirée.
Celle qui a joué dans le meilleur du renouveau italien, brillé à Hollywood, en France et même en Allemagne,
a tourné avec les plus grands noms du cinéma dont Luchino Visconti, Federico Fellini, Richard Brooks, Henri Verneuil ou encore Sergio Leone. Elle a également joué aux côtés d’Alain Delon, Henri Fonda et Jean-Paul Belmondo. « Elle nous laisse l’héritage d’une femme libre et inspirée tant dans son parcours de femme que d’artiste »
, a indiqué Laurent Savry dans un message transmis à l’AFP.
Une histoire mouvementée
Née à La Goulette, près de Tunis, le 15 avril 1938 d’une Française et d’un Sicilien, Claude Joséphine Rose Cardinale parle français, arabe et sicilien mais c’est dans le cinéma italien qu’elle débute. Les réalisateurs n’aimant pas sa voix rauque et son accent français la feront doubler jusqu’à Fellini et son Huit et demi
(1963). À 17 ans, un concours de beauté qu’elle remporte sans même être candidate bouleverse sa vie : « La plus belle Italienne de Tunis » gagne un voyage à la Mostra de Venise où elle fait sensation.
« Je ne voulais pas faire de cinéma. C’est ma sœur qui voulait. Mais ils ont tellement insisté (…) que mon père a lâché »
, confiait-elle sur France Inter. Sous contrat avec le producteur Franco Cristaldi, elle devient sa créature. Sur le tournage de la comédie culte du Pigeon
(1958) de Monicelli, elle découvre qu’elle est enceinte. Elle confiera des années plus tard qu’elle a été violée. Son producteur lui impose de cacher sa grossesse. Après un accouchement dans le secret à Londres, il la convainc de confier l’enfant à ses parents : Patrick sera officiellement son jeune frère jusqu’à ce qu’elle révèle la vérité sept ans plus tard.
Elle n’a que 22 ans lorsque Visconti la fait tourner dans Rocco et ses frères
(1960). Il lui fait peindre ses yeux en noir et lui enseigne le métier. La Cardinale le suivra partout : dans Le Guépard
en 1963, elle crève l’écran entre Burt Lancaster et Alain Delon. En parallèle, elle tourne un autre chef-d’œuvre, Huit et demi
, de Fellini.
Sauvage et garçon manqué
À 23 ans, elle fait une entrée fracassante à Cannes avec La fille à la valise
de Zurlini et Le mauvais chemin
de Bolognini : on la prend pour une Bardot brune. Dix ans plus tard, « BB » et « CC » joueront ensemble dans la poussière dans les Pétroleuses
. « Je suis devenue l’héroïne d’un conte de fées, le symbole d’un pays dont je parlais à peine la langue »,
écrivait l’actrice dans son autobiographie Mes étoiles
. Réclamée par Hollywood où elle refuse de s’installer, elle séduit les Américains dans La panthère rose
, puis Le plus grand cirque du monde
de Henry Hathaway où elle joue la fille de Rita Hayworth.
Après Sandra
de Visconti où elle porte la robe de mariée de la mère du réalisateur, et Les Professionnels
avec Burt Lancaster, elle est l’héroïne d’Il était une fois dans l’Ouest
de Sergio Leone (1968), seule femme entre Charles Bronson et Henry Fonda. Le Napolitain Pasquale Squitieri, son compagnon pendant presque 30 ans, son « seul amour »
et le père de sa fille Claudia, lui fait tourner dix films de 1974 à 2011. En 2017, le festival de Cannes avait choisi une photo de sa jeunesse pour son affiche, rendant hommage à « une comédienne aventurière, femme indépendante, citoyenne engagée ».
Sauvage et garçon manqué dans sa jeunesse, cette Italienne de Tunisie naturalisée française était devenue, sans le vouloir, une star de cinéma internationale récompensée d’un Lion d’Or à Venise en 1993 et d’un Ours d’Or à Berlin en 2002. « Elle est la seule fille simple et saine dans ce milieu de névrosés et d’hypocrites »,
disait d’elle Marcello Mastroianni. « J’ai eu la veine de commencer dans les moments magiques du cinéma. Tous les grands metteurs en scène ont été mes maîtres et moi, je n’ai jamais appelé personne. C’est eux qui m’ont demandée »
, résumait-elle à 74 ans sur France Culture. Aux jeunes comédiennes, l’actrice, qui a toujours refusé de se dénuder, recommandait de ne pas « tout accepter pour un rôle qui peut vous abîmer ou vous donner l’impression de vous vendre ».