L’Association française d’études américaines (AFEA) regroupe des spécialistes des Etats-Unis issus de diverses disciplines universitaires ; elle n’a pas, en temps normal, vocation à intervenir dans la politique intérieure des Etats-Unis (qui est l’un de ses objets d’étude) ni à prendre position sur leur politique étrangère, qu’elle observe avec attention. Le contexte exceptionnel qui découle des décisions prises, depuis son entrée en fonctions, par l’administration Trump, ne permet plus à l’AFEA de se satisfaire de cette neutralité critique. Pas un jour ne passe sans que soient annoncées des mesures qui portent gravement atteinte aux principes élémentaires auxquels l’AFEA est attachée. Dernier point d’orgue en date de cet assaut contre les libertés académiques : pour avoir refusé de se plier à des injonctions de l’administration Trump sur ses enseignements, l’université Harvard vient de voir gelés 2,2 milliards de dollars [1,90 milliard d’euros] d’aide fédérale qui lui étaient destinés, et le président américain menace même de lui retirer ses avantages fiscaux.

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Société savante vouée à la quête désintéressée du savoir, association professionnelle attentive à la protection des libertés académiques sans lesquelles la recherche et l’enseignement sont impossibles, l’AFEA est aussi un regroupement de citoyens et de citoyennes et de chercheurs et de chercheuses qui tiennent la défense des valeurs démocratiques pour consubstantielle à leur mission au service de la société tout entière, et qui se doivent de réagir quand ces valeurs sont ainsi attaquées.

Sur le territoire des Etats-Unis, depuis la seconde investiture de Donald Trump, le 20 janvier, les atteintes se sont multipliées contre la communauté scientifique, les universités, les organismes de recherche, etc. Sont supprimés des financements fédéraux accordés aux travaux de recherche portant sur des thématiques mises à l’index pour des raisons idéologiques, et il est interdit d’en solliciter à l’avenir pour des projets dont la description comporte un mot interdit pour ces mêmes raisons. Des pressions sont exercées sur les organismes privés afin qu’ils se conforment à ces règles attentatoires aux libertés académiques – ce dont la sanction contre Harvard est la spectaculaire manifestation.

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