« C’était un Dieu vivant dans la station. Alors quand, à l’hiver 2012, il m’a contactée, moi la gamine de La Rosière mal dans sa peau, j’ai été flattée, je me suis sentie unique. Je n’ai pas vu le mal, ni les vingt-sept ans d’écart. Mais ensuite, j’ai compris. Que je n’étais pas la seule. Qu’il avait fait ça à d’autres filles, et qu’il avait pu le faire parce qu’il avait été protégé par des tas de gens pendant toutes ces années. Qu’à La Rosière [commune de Montvalezan, Savoie] et dans le milieu du ski, tout le monde savait. » Solène C., 12 ans à l’époque des faits, a eu la chance d’avoir laissé traîner son portable sur la table du séjour et que sa mère ait regardé ses conversations, sinon, admet-elle, « [elle] aurai[t] fini chez lui ». Lui, c’est Joël Chenal, 51 ans aujourd’hui. Vice-champion olympique de géant à Turin en 2006. Aux dires de beaucoup, « un super coach, sympa et discret ».

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Solène C., dont la sœur de 15 ans a également été contactée par Chenal, se souvient d’échanges très ambigus : « Il utilisait le langage abrégé façon SMS, m’a proposé de boire un chocolat chez lui, a dit qu’il viendrait me voir skier pour m’apprendre, m’a demandé de jouer à Cap ou pas cap ?, me disait “J’ai peur de te poser des questions osées…” » En novembre 2013, constatant que leur fille ne va pas bien, les parents de l’adolescente, qui ont signalé les faits en janvier 2013, reviennent à la gendarmerie de Bourg-Saint-Maurice (Savoie) porter plainte pour tentative d’atteinte sexuelle sur mineure de moins de 15 ans.

Solène C. ne serait pas une proie isolée : au moins six autres femmes, toutes mineures au moment des faits, dont la plupart ont accepté de témoigner auprès du Monde, disent avoir été harcelées sexuellement par Joël Chenal. L’homme aurait agi au moins durant plus d’une décennie, en toute impunité, que ce soit dans des structures fédérales ou privées.

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