Il n’est nul besoin d’être de droite ou d’extrême droite pour être scandalisé par l’affiche officielle de la Marche des fiertés 2025. On y voit un groupe de six personnes, selon une alternance homme-femme digne de La Manif pour tous. Cherchez un couple gay ou lesbien : vous n’en trouverez pas.

Chaque personnage arbore un ou plusieurs symboles. Le seul que reconnaît aisément n’importe quel familier de la cause LGBT est le triangle rose d’Act Up. Les autres sont difficilement lisibles : deux mains (symbolisant la langue des signes ?), un cabas aux couleurs du drapeau – au choix – hongrois, bulgare ou palestinien, une tête de lapin (emblème des gays d’Asie ou des nationalistes chinois ?), un foulard islamique, un brassard vert au logo incompréhensible, plusieurs pin’s peu déchiffrables, sauf un clairement palestinien. Une jeune femme porte une écharpe bleu et rose aux couleurs du drapeau trans, qui tapissent également l’arrière-plan.

On attendrait un drapeau arc-en-ciel : il n’y en a pas. Juste des personnages diversement colorés, dont les couleurs ne sont pas même disposées dans l’ordre officiel du drapeau.

Contradiction des symboles

Cette confusion sémiotique suffirait à disqualifier l’image. Une affiche pour une manifestation doit proposer un message sans ambiguïté. Ici, tout est illisible, voire contradictoire. Une même image ne peut arborer en même temps et au même niveau les symboles des causes qu’elle prétend soutenir (les sourds-muets, par exemple) et les emblèmes de ceux qu’elle désigne pour adversaires (les gouvernements hongrois et bulgare, qui interdisent les marches LGBT). C’est la règle de base de toute écriture visuelle, manifestement inconnue de l’auteur de l’affiche.

La contradiction des symboles se double d’une incohérence politique. Si légitime que soit la cause des malentendants, qu’a-t-elle à faire dans une manifestation LGBT ? La lutte des femmes musulmanes et de toutes les femmes en général contre l’oppression patriarcale vaut assurément la peine d’être soutenue, mais mettre en scène dans une marche pro-gay une femme voilée brouille considérablement le message. Rien n’indique que cette personne défende autre chose que la cause d’une religion au nom de laquelle des milliers de gays sont torturés et massacrés de par le monde. Un juif orthodoxe et une moniale chrétienne ou bouddhiste n’auraient pas été davantage à leur place.

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