La mine de coltan de Rubaya, en République démocratique du Congo (RDC), le 24 mars 2025.

Après des décennies de prédation de ses ressources naturelles par des puissances étrangères, l’Afrique veut créer une coalition de nations exploitant des minéraux stratégiques indispensables à la transition énergétique, selon un projet de déclaration publié après un sommet régional sur le climat. L’Afrique possède d’immenses richesses minières, notamment dans les métaux stratégiques, sur lesquels la Chine exerce une forte domination dont les autres pays, notamment occidentaux, cherchent à s’affranchir en prospectant sur le continent africain.

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« La Commission de l’Union africaine [UA] étudiera et soutiendra la création d’une coalition de pays africains producteurs de minéraux essentiels afin de promouvoir une coopération régionale stratégique et durable, de soutenir la création de valeur ajoutée et la valorisation », indique un projet de déclaration de dirigeants du continent et représentants de l’UA publié mercredi 10 septembre. Qualifiant cette initiative de « stratégie africaine pour les minéraux verts », l’UA a déclaré qu’elle constituerait un « véhicule permettant d’exploiter les vastes richesses minières de l’Afrique pour un développement résilient au changement climatique », sans donner de détails.

Cette décision intervient alors que Washington, notamment, cherche à s’approvisionner en minéraux stratégiques en provenance de la République démocratique du Congo (RDC) afin de contester le quasi-monopole actuel de la Chine sur ce secteur lucratif. La RDC, confrontée à une nouvelle flambée de violence, possède l’une des sous-sols les plus riches de la planète, notamment en cuivre, en cobalt, en coltan et en lithium, des matériaux essentiels à la fabrication de composants pour l’armement, les téléphones mobiles et les voitures électriques.

« Justice climatique »

L’UA, dans la même déclaration, demande également « des engagements et des partenariats internationaux plus forts pour combler le déficit de financement et soutenir l’adaptation, la résilience et le développement durable ». Mahamoud Ali Youssouf, le président de la Commission de l’UA, avait déjà demandé lundi, au nom de la « justice climatique », plus de fonds aux pays pollueurs, du fait des fortes conséquences du réchauffement subies par l’Afrique, alors que celle-ci « ne contribue qu’à hauteur de 4 % aux émissions de gaz à effet de serre ».

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Selon un rapport publié la semaine dernière par l’ONG Oxfam et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD, un bloc régional d’Afrique de l’Est), les Etats membres de ce groupement régional (Djibouti, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud) « ont reçu ensemble, en moyenne, 1,7 milliard de dollars [environ 1,5 milliard d’euros] par an entre 2013 et 2022 en “équivalents subventions”, soit la valeur réelle de l’aide climatique après intérêts et remboursements de la dette ». « Ce montant est inférieur de 96 % aux 41,8 milliards de dollars dont les pays de l’IGAD affirment avoir besoin chaque année pour mettre en œuvre leurs plans d’action nationaux sur le climat jusqu’en 2030 », poursuit le rapport.

Lors de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP29) de l’année dernière en Azerbaïdjan, les nations riches se sont engagées à fournir 300 milliards de dollars par an pour le financement climatique des pays en développement, un montant qualifié d’extrêmement insuffisant. L’un des objectifs du Brésil pour la COP30, qui se tiendra à Belem en novembre, est de trouver d’autres sources de financement pour combler le déficit.

Le Monde avec AFP

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