Nous écrivons pour exprimer notre vive inquiétude concernant la famine qui se propage à Gaza et le projet du gouvernement israélien de concentrer des civils dans une prétendue « ville humanitaire ». En tant qu’êtres humains, économistes et scientifiques, nous appelons à un arrêt immédiat de toute politique qui intensifie la famine généralisée.
Il est évident que le Hamas doit être tenu pour responsable des atrocités du 7-Octobre et de la détention d’otages. Cependant, cela n’absout en rien le gouvernement israélien, qui contrôle le flux et la distribution de l’aide, de ses responsabilités.
Ces dernières semaines, le Programme alimentaire mondial de l’ONU [Organisation des Nations unies] a averti que près d’un tiers des 2,1 millions d’habitants de l’enclave avaient passé plusieurs jours sans nourriture. La faim généralisée est attestée par l’insuffisance des livraisons d’aide, par les témoignages directs de Gazaouis et par l’envolée des prix alimentaires. Non seulement l’ONU, mais aussi le marché, signalent la famine : les prix des produits alimentaires de base à Gaza sont désormais dix fois plus élevés qu’il y a seulement trois mois.
L’effondrement de la distribution d’aide onusienne et sa substitution par une poignée de points d’aide coordonnés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) ont entraîné un chaos mortel : les gens se sont rués sur des rations rares, causant plus d’un millier de morts ou de blessés. Face au tollé international, le gouvernement israélien a autorisé davantage d’aide depuis le 26 juillet, mais de manière très insuffisante, et la situation sanitaire demeure dramatique.
Retombées catastrophiques
De plus, sous couvert de secours, le projet de « ville humanitaire » relogerait des centaines de milliers de Gazaouis dans une zone confinée, les privant de liberté de mouvement et de dignité fondamentale. Il est inconcevable qu’Israël traite des civils comme des fardeaux à contenir plutôt que comme des êtres humains ayant droit à des conditions de vie décentes.
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