• Lara, Morena et Brenda, trois jeunes femmes âgées de 15 et 20 ans, ont été tuées en Argentine après avoir subi des sévices de la pire espèce.
  • Les tortures puis les homicides ont été diffusés en direct sur les réseaux sociaux.
  • Cette affaire, en lien présumé avec la prostitution et le trafic de drogue, suscite une immense vague d’émotion et d’indignation dans le pays d’Amérique du Sud.

Elles s’appelaient Morena Verdi, Brenda del Castillo et Lara Gutiérrez. Les deux cousines de 20 ans et l’adolescente de 15 ans ont été tuées après avoir fait l’objet d’une cruauté et d’une barbarie sans nom, dans la banlieue sud de Buenos Aires, en Argentine. Avant de succomber, les trois jeunes femmes ont subi une séance de tortures, laquelle a été diffusée sur un compte Instagram fermé de 45 personnes. Des médias argentins, citant des sources proches de l’enquête, évoquent des doigts amputés, des ongles arrachés, des oreilles coupées, des brûlures et divers coups. Ces détails sordides n’ont pas été confirmés de source officielle. 

Les corps des trois victimes ont été retrouvés enterrés mercredi 24 septembre, cinq jours après leur disparition. « Les résultats préliminaires des autopsies ont montré qu’une grande partie des blessures ont été causées alors que les jeunes femmes étaient encore en vie », rapporte El Pais. De son côté, Leonel de Castillo, le père de Brenda, dit n’avoir « pas pu reconnaître » le corps de sa fille, en raison des sévices subis.

Des narco-féminicides ?

Les investigations mettent, pour l’instant, l’accent sur le rôle d’un gang de trafiquants de drogue dans cette affaire. Les victimes seraient montées de leur plein gré dans une camionnette en croyant se rendre à une fête. Elles sont en fait tombées « dans un guet-apens tendu par un groupe transnational de narcotrafic qui avait élaboré un plan pour les tuer », affirme le ministre provincial de la Sécurité, Javier Alonso. Selon lui, et comme le rapporte La Nacion, lors de la transmission de la torture, le chef du groupe aurait lancé : « C’est ce qui arrive à celui qui me vole de la drogue ». 

L’organisation en question opère dans le sud d’un bidonville au sud de la capitale argentine et les enquêteurs pensent que c’est dans cette zone que les femmes ont rencontré certains de ses membres. Ces derniers auraient ensuite organisé leur monstrueuse mise à mort. La volonté de faire un exemple au sein du groupe criminel à la suite d’un vol de drogue est la piste privilégiée, ce mobile n’ayant toutefois pas été confirmé à ce stade. 

Elles ont eu la malchance de se trouver au mauvais moment avec les mauvaises personnes

Federico Celedon

La presse locale avance également que Morena Verdi, Brenda del Castillo et Lara Gutiérrez auraient rejoint leurs meurtriers après avoir été incitées à se prostituer. Federico Celedon, un cousin des deux premières, a confirmé à l’AFP qu’elles se livraient à la prostitution « pour survivre ». « Elles ont eu la malchance (…) de se trouver au mauvais moment avec les mauvaises personnes », lâche-t-il encore. « Beaucoup de préjugés dans la société montrent du doigt le travail qu’elles faisaient. (…) Mais pour nous, elles étaient la famille ; elles ont seulement été victimes d’un système qui ne leur laissait d’autre choix que d’accéder à ‘ce type de travail’ pour survivre », dénonce-t-il. L’homme a également annoncé que Brenda del Castillo était mère d’un bébé d’un an, que ses grands-parents vont recueillir. 

Des milliers de personnes ont réclamé que justice soit faite après le triple féminicide survenu en Argentine. – Luis ROBAYO / AFP

Del Valle Galvan, la tante de Lara Gutiérrez, a, elle, réfuté tout lien de sa nièce avec la drogue, ou la prostitution. « Il y a de la pauvreté dans notre quartier, mais ce qu’on dit sur Lara est faux », s’insurge-t-elle. « Nous voulons que justice soit faite, que rien ne soit étouffé, que toute la vérité éclate pour que les responsables répondent de leurs actes. Nous n’avons pas peur », exhorte-t-elle.

Cinq suspects arrêtés, deux hommes toujours recherchés

Pour l’heure, cinq suspects – trois hommes et deux femmes soupçonnés d’être impliqués à divers degrés dans ce sordide dossier – ont été interpellés par les autorités. Ils sont poursuivis pour « homicide aggravé par trahison », indique l’avocat de Lara Gutierrez, Gonzalo Fuenzalida. Un Péruvien de 20 ans, surnommé « Petit J » et soupçonné d’être le  commanditaire, est activement recherché et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Un autre individu, âgé de 23 ans et soupçonné d’être son bras droit, est également dans le viseur des forces de l’ordre. 

Quelques milliers de personnes ont manifesté samedi dans le centre de Buenos Aires pour réclamer justice et dénoncer les féminicides. Plusieurs membres des familles éplorées, unis derrière une banderole avec les prénoms des jeunes femmes « Lara, Brenda, Morena » et des pancartes à leur effigie, se sont mêlés au cortège. « Il faut protéger les femmes, que plus jamais ceci n’arrive », a notamment martelé, sur place, Leonel de Castillo. « J’appelle les gens à être à nos côtés. Le pays tout entier est sous le choc de ce qui nous est arrivé », a-t-il ajouté. 

M.G

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