Livre. Des débats politiques annuels sur le budget de l’éducation nationale aux crispations que soulève chaque réforme éducative quant aux moyens qu’elle nécessite, l’argent est au cœur des réflexions sur l’école. Jamais, pourtant, l’histoire ne s’était penchée sur le poids des enjeux financiers dans l’élaboration des politiques éducatives. C’est cet angle mort qu’explore l’historienne Clémence Cardon-Quint dans L’Argent de l’école. Histoire du budget de l’éducation nationale depuis 1945 (Presses de Sciences Po, 496 pages, 26 euros), une plongée inédite dans la fabrique du premier budget de la nation.

Alors que l’histoire de l’éducation s’est écrite au prisme des débats politiques et philosophiques qui ont modelé l’école de la République, la chercheuse s’est intéressée, à partir d’un riche corpus d’archives, aux arcanes de la procédure budgétaire. Entre « l’explosion scolaire » post-1945 et les prémices de la massification des lycées au début des années 1980, l’ouvrage retrace les principaux épisodes de l’histoire scolaire contemporaine, en apportant un éclairage nouveau et édifiant sur les ressorts des décisions politiques en matière éducative.

Après un large consensus sur « la croissance à marche forcée du budget de l’éducation nationale » après 1945, l’éducation nationale apparaît comme une charge pour les finances publiques dès la fin des années 1960. « A partir de 1967 s’installe l’idée que l’amélioration ne doit plus passer par rallonge budgétaire mais par une meilleure allocation des ressources », analyse Clémence Cardon-Quint.

Calculs et volontés politiques

C’est particulièrement vrai au sujet des emplois publics, dont l’éducation nationale est le plus gros pourvoyeur. Au sortir de deux décennies d’augmentation considérable des effectifs d’enseignants, la direction du budget tente de reprendre la maîtrise de la croissance des emplois à partir des années 1970. La réforme du collège unique de 1977 porte la marque de cette préoccupation : « L’économie de la réforme est pensée au plus juste » et « les veto placés par le budget réduisent à presque rien les marges de manœuvre du ministre de l’éducation nationale », montre Clémence Cardon-Quint.

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