Livre. Avec plus de 60 % du produit intérieur brut mondial pour 2,3 milliards d’individus, sa modernité urbaine et son appétence pour les nouvelles technologies, l’Asie-Pacifique est-elle en train de déclasser l’Occident ? C’est ce que défendent dans leur ouvrage L’Asie-Pacifique. Nouveau centre du monde (Odile Jacob, 320 pages, 23,90 euros) la chercheuse Sophie Boisseau du Rocher, spécialiste de l’Asie à l’Institut français des relations internationales, et le diplomate Christian Lechervy, ancien ambassadeur de France en Birmanie (2018-2023).

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La proposition d’un XXIsiècle asiatique n’est pas nouvelle. Encore faut-il préciser de quelle Asie-Pacifique parlent les auteurs : il s’agit de la Chine, de l’Asie du Nord-Est et l’Asie du Sud-Est (soit dix-sept Etats), mais sans l’Australie, et surtout sans l’Inde ni le reste de l’Asie du Sud. Ce choix prend donc à revers la notion d’Indo-Pacifique (allant de Hawaï à la façade orientale de l’Inde), devenue le prisme stratégique par lequel est vue toute cette partie du globe à la faveur de la mobilisation anti-Chine décrétée sous le premier mandat de Donald Trump (2016-2020), mais qui est avant tout, relèvent les auteurs, une réaction à l’énormité de l’émergence chinoise – comme s’il fallait, pour ce faire, englober deux océans.

Dans cette Asie-Pacifique ainsi délimitée, les auteurs s’efforcent de mettre en valeur les convergences qui ont façonné un devenir d’alternative à l’Occident, et de dépassement de ce dernier. C’est la région des « miracles » asiatiques, qui déclinent, depuis les années 1960, la formule gagnante d’investissements dans les industries manufacturières et de haute technologie à proximité de façades maritimes pour mieux servir les filières globales d’approvisionnement.

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Qu’une masse critique de pays aujourd’hui ait réussi cette révolution (à l’exception de la Corée du Nord), ainsi que le vaste processus de libéralisation des échanges et d’intégration mené, dans la région et au-delà, au sein d’ambitieux traités (le CPTPP, un accord de partenariat de libre-échange transpacifique, en 2018, et le RCEP, partenariat régional économique global, en 2022), explique les positions dominantes de l’Asie-Pacifique dans les indicateurs économiques mondiaux.

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