Depuis qu’ils ont quitté le gouvernement, on n’entend qu’eux. Gabriel Attal et Gérald Darmanin avertissent, critiquent, proposent, donnent de la voix, et montrent les muscles. Dimanche 13 octobre, au journal télévisé de France 2, l’ex-ministre de l’intérieur a renouvelé ses mises en garde sur le budget. Un choc fiscal, qui entraînerait une hausse du coût du travail, risquerait d’abîmer le bilan d’Emmanuel Macron (la baisse du chômage), a prévenu le député du Nord. Lui prône des réformes plutôt que des hausses d’impôts.

Le lendemain, sur France Inter, c’est au tour de l’ancien premier ministre d’émettre des réserves sur un autre sujet, l’immigration, indiquant qu’une nouvelle loi (annoncée pour 2025) n’est « pas prioritaire ». Sur le budget, il avait, lui aussi, indiqué, le 6 octobre sur TF1, préférer les réformes et les économies, plutôt que de « charger trop la barque sur les impôts ».

S’ils assurent tous deux soutenir Michel Barnier, MM. Attal et Darmanin ont donné a contrario le sentiment qu’à peine redevenus députés, ils lui faisaient la leçon, alors que le premier ministre a pourtant hérité d’une situation budgétaire critique dont il n’est pas responsable. « Il serait singulier que l’ex-majorité critique le nouveau gouvernement sur l’effort à accomplir pour corriger un bilan qui est en réalité le sien », a averti, dans Le Journal du dimanche du 13 octobre, François Bayrou. Le président du MoDem s’agace, en privé, contre le jeu de « galopins » joué par les deux hommes, qui se sont affichés côte à côte sur les bancs de l’Assemblée nationale pour écouter, le 1er octobre, la déclaration de politique générale de M. Barnier.

« Sur une ligne de crête »

De ce bilan, l’ancien premier ministre et l’ex-ministre de l’intérieur – ce dernier participe à la plupart des conclaves politiques autour de M. Macron – prennent soin de se distinguer. Alors qu’on leur demandait, dimanche et lundi, s’ils se sentaient « comptables » (France Inter) ou « coresponsables » (France 2) du déficit abyssal – 6 % du produit intérieur brut –, ils ont chacun botté en touche. Le député du Nord a fait valoir que le déficit avait baissé quand il était ministre des comptes publics (2017-2020), et rappelé qu’il avait supprimé 10 000 postes de fonctionnaires, tandis que le député des Hauts-de-Seine a assuré qu’il avait pris des mesures en arrivant à Matignon pour réaliser « 40 milliards d’économies ».

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Alors qu’il s’est vu reprocher par certains de ses adversaires d’agir comme s’il était encore premier ministre, le chef de file des députés Renaissance explique qu’il doit veiller à l’unité de son groupe, Ensemble pour la République, alors qu’une partie ne se sent pas tenue par la coalition. « Je suis sur une ligne de crête, dit M. Attal au Monde, il faut trouver l’équation qui permet au pays d’avancer sans se faire imposer des décisions qui seraient mauvaises pour lui. » De son côté, M. Darmanin a bien noté que M. Macron prenait soin de se distancier de ce gouvernement Barnier, dont il répète à qui veut l’entendre qu’il n’est pas le sien, ce qui exonérerait les siens de tout devoir de solidarité.

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