Livre. A toutes celles et ceux qui se demandent si les années 1930 sont de retour, Judith Perrignon, autrice de L’Autre Amérique (Grasset, 240 pages, 20 euros) et, avant cela, du podcast « Franklin D. Roosevelt, l’allié », en six épisodes sur France Culture, apporte une réponse captivante. Elle croque un portrait intime d’une figure mythique du XXe siècle : Franklin Delano Roosevelt, le seul président des Etats-Unis élu à quatre reprises, mais qui n’a exercé que trois mandats.
Il est mort le 12 avril 1945, avant la capitulation de l’Allemagne nazie en mai, les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki en août et la création des Nations unies en octobre, trois événements fondateurs du monde contemporain, né sur les décombres de la seconde guerre mondiale. Il sera pourtant l’architecte de ce monde qu’il ne verra pas.
Tout au long de sa présidence, de 1933 à 1945, Roosevelt défend trois priorités : sortir son pays de la Grande Dépression, préparer la guerre alors que le pays qu’il dirige est neutre, et gagner cette guerre. Tout le reste passe au second plan, que ce soit la question raciale, très sensible aux Etats-Unis dans les années 1930, ou le projet d’extermination des juifs poursuivi par Hitler et ce, au grand dam d’Henry Morgenthau (1891-1967), son très fidèle secrétaire au Trésor et, à ce titre, un des artisans du succès du New Deal.
Pour la première fois, un programme de dépenses publiques est mis en œuvre pour stimuler l’économie. Du socialisme sur le sol américain, horresco referens ! Le krach de Wall Street et la crise économique sans précédent qui a suivi ont jeté à la rue des millions d’Américains plongés dans la misère. Roosevelt livre bataille sur tous les fronts : contre les riches – la haute finance et les industriels, dont Henry Ford est l’archétype réactionnaire –, mais aussi contre la Cour suprême. « Nous savons maintenant que le gouvernement des milieux financiers est aussi dangereux qu’un gouvernement mafieux », déclare le président, lors de son discours inaugural en 1933. Un avertissement cité à deux reprises par l’autrice.
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