Au bout d’une demi-douzaine d’épisodes de la première saison de Cheers sur le réseau NBC, les créateurs ajoutèrent avant la séquence prégénérique un avertissement que prononçaient, chacun à leur tour, les premiers rôles de la série : « Cheers est filmé devant un public présent dans le studio. » Dès sa première, le 30 septembre 1982, Cheers (« santé ! ») s’était retrouvé dans un drôle d’espace.

Sitcom traditionnelle, cette série s’est immédiatement attiré les faveurs de la critique (mais pas du public, qui restait, en ces premiers temps, peu nombreux), entre autres du New York Times, qui saluait « une distribution essentiellement composée de nouveaux visages qui semble déjà en passe de devenir une troupe de théâtre ». Parmi les attraits de ce pilote, on comptait l’improbable apparition d’une universitaire volubile et pédante dans un bar du centre-ville de Boston à l’enseigne de Cheers. Le temps du premier épisode, Diane Chambers (Shelley Long) réussissait à se faire plaquer par son directeur de thèse, se faire embaucher comme serveuse et à rendre fou (d’amour, de rage et de bien d’autres choses) le propriétaire et gérant de l’établissement, beau gosse tirant sur le bellâtre, joueur de base-ball à la retraite, alcoolique abstinent, Sam Malone (Ted Danson).

L’exquise manière dont Diane Chambers employait le terme de « pomme de terre » (en français dans le texte) plutôt que « potato », les plaisanteries impliquant de grands noms de la littérature ou de la philosophie durent attirer un public qui n’était pas tout à fait celui des sitcoms ordinaires, puisqu’il se plaignit du volume des rires sur la bande-son. Pour apaiser les fâcheux (et dissiper le soupçon toujours présent qui veut que les rires sont préenregistrés), les frères Glen et Les Charles et James Burrows, les créateurs de Cheers, installèrent ce rappel hebdomadaire, qui restera en place jusqu’au final, composé des 274e et 275e épisodes, diffusés le 20 mai 1993, à la fin de la onzième saison.

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