Les voix d’une vingtaine de personnes résonnent entre les pins de l’ancien camp d’extermination nazi de Treblinka, à 80 kilomètres au nord-est de Varsovie, en Pologne. « Jakub Kopel Rozencwajg, 53 ans, un tailleur de Tomaszów Mazowiecki, ainsi que sa femme, Chana, 49 ans, et leurs enfants Hinda, 23 ans, et Uszer, 16 ans, ont été déportés à Treblinka, le 2 novembre 1942 », récite un participant, un bout de papier entre les mains. « Aron Margolin, un commerçant de 70 ans habitait Dortmund, en Allemagne, avec sa femme. Le couple a été envoyé à Theresienstadt [en Bohème tchèque, occupée par le IIIe Reich] le 28 juillet 1942, puis au camp d’extermination de Treblinka le 23 septembre », poursuit un autre.

En cette matinée brumeuse de fin novembre, ce petit groupe de Polonais égrène ces noms oubliés. Soit quelques-unes des 900 000 victimes estimées, exterminées dans les chambres à gaz de ce camp, construit par l’Allemagne nazie sur le territoire de la Pologne occupée, pour mettre en œuvre sa politique de « solution finale ».

Contrairement au camp d’Auschwitz, la plus meurtrière des entreprises hitlériennes, dont on célèbre le 27 janvier les 80 ans de la libération, Treblinka a bien failli sombrer dans l’oubli aux yeux du grand public. Ici, pas de baraque en bois ni de monticules de cheveux, preuves irréfutables de l’horreur nazie autour desquelles se recueillent près de 2 millions de personnes par an. Et pour cause : les SS ont pris soin, à Treblinka, de tout démanteler à leur départ, en novembre 1943. Il n’y a plus aucun survivant pour témoigner, et il reste difficile d’établir le nombre précis et l’identité des familles entières englouties par le camp à partir de juillet 1942.

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