Peut-être M. Trump n’a-t-il pas bien réfléchi à sa proposition ébouriffante de transformer le Canada en 51e Etat de la grande Union. Que va-t-il se passer si les Canadiens acceptaient de se donner enfin à Washington et de quitter le Commonwealth ? Outre que cela peinerait le roi d’Angleterre, le Canada deviendrait de très loin l’Etat le plus puissant de la Fédération, encore plus riche et plus peuplé que l’imposante Californie, avec son immense superficie, ses 41 millions d’habitants industrieux et pacifiques, circulant sans plus de contraintes, tout comme leurs produits de bonne qualité et bien meilleur marché avec le même dollar.

Le fédéralisme américain devrait s’accommoder de la complexité du fédéralisme canadien, car ce 51e Etat ne serait pas le dernier à être jaloux de sa propre souveraineté. La présence du Canada forcerait les autres Etats de l’Union, voire l’Union elle-même, à accepter le pluralisme linguistique. Peut-être le français deviendrait une deuxième langue officielle, à l’instar de ce qui se passe dans ses provinces. Peut-être l’Etat de New York, le Vermont, Le Maine, les Etats du Mississipi et des Grands lacs pourraient décider d’être officiellement bilingues, réveillant l’anomalie francophone de millions d’Américains, dont les ancêtres étaient canadiens, métis natifs ou créoles.

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Pour faire bonne figure, les anciens territoires du nord de la République mexicaine suivraient l’exemple. Comme au Nouveau-Mexique, ils décideraient, eux aussi, de devenir bilingues en officialisant l’espagnol. Suivrait également la réhabilitation de toutes les langues amérindiennes, encore parlées par des millions de personnes. Elles cumuleraient leur force dans l’intégration. Une véritable révolution légale protégerait les droits des nations autochtones, à l’exemple canadien. Le Canada pourrait exiger que chacune de ses propres provinces (10) obtienne deux sénateurs, soit un surplus de 20 sénateurs au Congrès. Il amènerait à lui tout seul 52 représentants supplémentaires à la Chambre nationale, si l’on compte bien un représentant pour quelque 700 000 habitants. Et tout ceci entraînerait aussi une conséquence politique inévitable : les Canadiens politiquement modérés décideraient de la majorité présidentielle des Etats-Unis.

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