Des Hongkongais chantent « Gloire à Hongkong », chanson écrite par des manifestants, dans un centre commercial, à Hongkong le 11 septembre 2019.

On n’entendra plus fredonner l’air pourtant célèbre du Gloire à Hongkong. Ni dans les rues de la ville, ni dans les centres commerciaux, ni sous les préaux des écoles où il était d’ailleurs déjà interdit par le ministère de l’éducation. Et surtout pas dans les stades, à Hongkong ou à travers le monde, où il fut souvent joué par erreur au cours de compétitions internationales, au moment de l’entrée sur le terrain des athlètes hongkongais ou lors de la remise de médailles, à la place de La Marche des volontaires, l’hymne national chinois…

Ce sont très vraisemblablement ces incidents publics et internationaux qui ont touché une corde sensible chez les autorités hongkongaises, redoutant, plus que tout de vexer Pékin. D’après une estimation de la police citée au cours du procès, il y aurait eu, au cours de ces dernières années, 887 situations où le Gloire à Hongkong aurait été joué à la place de La Marche des volontaires.

En juin 2023, à la suite d’une série de gaffes embarrassantes, le gouvernement avait saisi la justice. Dans sa demande d’injonction, il « constatait que le chant contenait un slogan sécessionniste [Libérer Hongkong, Révolution de notre temps] et qu’il avait été pris par erreur comme l’hymne national de Hongkong [au lieu de “La Marche des volontaires”] à plusieurs reprises. Cela a insulté l’hymne national et a également causé un grave préjudice au pays et à la région administrative spéciale de Hongkong ».

Le gouvernement avait donc décidé, « après mûre réflexion », de demander à la Cour d’interdire « à toute personne de diffuser, d’interpréter, d’imprimer, de publier, de vendre, d’offrir à la vente, de distribuer, de diffuser, d’afficher ou de reproduire de quelque manière que ce soit (y compris sur l’Internet et/ou tout média accessible en ligne et/ou toute plate-forme ou média basé sur l’Internet) le chant, sa mélodie, ses paroles ou les deux combinés ».

« Une arme »

En première instance, en juillet 2023, un tribunal avait estimé qu’interdire ce morceau était incompatible avec la garantie des libertés et notamment la liberté d’expression. Dans sa déposition d’appel, le gouvernement avait ajouté que même la liberté d’expression avait des limites. Le jugement de 61 pages, rendu mercredi, a finalement donné raison au gouvernement. « Le compositeur de cette musique avait voulu en faire une arme. Et c’est effectivement ce qu’elle est devenue », précise le jugement. Les « activités académiques et journalistiques » sont toutefois exclues de cette nouvelle injonction.

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