Carnet de bureau. Alexandre Bompard, le PDG du groupe Carrefour, a présenté lundi 4 novembre un plan d’action pour détecter et accompagner les salariés atteints de troubles dys ou en situation d’illettrisme.
Les « manageurs ne sont pas toujours formés pour détecter et accompagner leurs collègues vers le professionnel compétent pour les aider à résoudre leurs difficultés de lecture (…), un frein quotidien pour nombre de nos collaborateurs, a-t-il expliqué. Nous souhaitons nous confronter à ce handicap invisible, souvent tabou, et permettre aux collaborateurs concernés d‘être soutenus ». Cinq cents salariés par an sont actuellement formés à la lecture.
Mais le groupe dit vouloir passer à la vitesse supérieure et « systématiser le dispositif dans l’entreprise » avec un accompagnement ad hoc : formation, bilan orthophonique, équipement informatique, réseau d’entraide, aide à la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Tous les référents handicap du groupe Carrefour vont ainsi être mobilisés pour expliquer aux salariés comment obtenir cette reconnaissance.
Freins à l’évolution professionnelle
« Depuis 2020, de plus en plus d’entreprises se tournent vers nous pour aider leurs salariés à obtenir une reconnaissance de handicap. Sur les deux dernières années, on a dû doubler nos effectifs pour répondre à la demande », témoigne Anthony Gentelet, le directeur de Pidiem, un cabinet de conseil spécialisé dans l’accompagnement des politiques handicap au travail.
Faut-il saluer la mobilisation des entreprises en faveur d’une prise en compte du handicap au travail ou s’inquiéter d’une volonté de faire reconnaître une situation que les salariés ne tiennent pas toujours à révéler ? Impact sur l’évolution de carrière, stigmatisation, les chiffres sont têtus : dans la dernière étude de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph) parue en septembre, 75 % des actifs en situation de handicap témoignent de freins à leur évolution professionnelle.
« Ma carrière s’est stoppée net » après avoir obtenu une reconnaissance de la qualité de travailleuse handicapée, témoigne une cadre dans l’étude APEC-Agefiph publiée le 12 novembre. D’autres reconnaissent que le regain de confiance en soi en vaut la peine, et qu’un bureau tout seul quand les autres sont en open space, ou un peu plus de télétravail comme le propose l’éditeur de logiciels ADP à ses salariés reconnus handicapés, ce n’est pas négligeable.
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