Alors que partout dans le monde, les sociétés démocratiques font face à la remise en cause de leurs institutions et de leurs contre-pouvoirs, nous tenons à rappeler l’importance d’institutions présentes dans plus de 70 pays : les conseils économiques et sociaux, et dans sa déclinaison française, le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Depuis 1946, notre Constitution reconnaît que la démocratie ne se résume pas au seul suffrage universel. On vote bien en Hongrie, mais il est devenu plus difficile, désormais, d’y créer un syndicat. La démocratie repose aussi sur l’écoute des corps intermédiaires, sur la concertation, sur la capacité à inventer collectivement des solutions équilibrées et acceptées par nos concitoyens. Et pourtant, à l’heure où l’exigence de participation citoyenne est plus forte que jamais, où l’action politique est parfois paralysée par l’absence de tout compromis, certains semblent n’avoir d’autres priorités que d’affaiblir le CESE – à l’image d’un récent rapport parlementaire, déposé à l’Assemblée nationale le 2 juillet.

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Derrière ces attaques se cache souvent un parti pris : celui d’opposer la démocratie représentative aux corps intermédiaires, la légitimité du vote aux voix de la société organisée. Cette pente est dangereusement glissante : avec les mêmes arguments et après avoir fait un « exemple », on ne tardera pas à opposer peuple tout-puissant et démocratie représentative. Pour les populistes, toute assemblée sera toujours trop chère, trop lente, trop improductive, trop politisée. Le Sénat ? Redondant. L’Assemblée ? Brouillonne et dysfonctionnelle. Il suffit d’un pouvoir fort. L’arroseur risque bien d’être arrosé à son tour.

S’en prendre au CESE, ce n’est pas viser une « bureaucratie » hors-sol : c’est attaquer la voix de plus de 80 organisations, la voix de Français engagés dans des associations, des syndicats, des entreprises, des ONG, des mutuelles, des coopératives – qui portent, au nom de millions de citoyennes et citoyens, les réalités du quotidien. Dans un moment où la société est traversée par tant de colères, de fractures et de défiances, faut-il vraiment fragiliser un des rares lieux où ces voix se parlent, se confrontent et construisent du compromis ?

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